Alors que la Métropole de Lyon s’apprête à lancer sa Zone à Trafic Limité (ZTL) en Presqu’île ce 21 juin, une étude de l’INSEE parue début juin rappelle une réalité bien ancrée : « en 2021, dans l’aire d’attraction de la ville de Lyon, 68 % des actifs en emploi utilisent la voiture pour aller travailler. »
Ce chiffre massif concerne un bassin d’un million d’actifs. Il confirme que, malgré le développement de pistes cyclables et l’offre de transports en commun, la voiture reste le moyen de déplacement dominant, surtout chez les familles, les ménages modestes et les habitants de la couronne périurbaine. Dans certaines communes excentrées, plus de 95 % des travailleurs prennent leur voiture.
D’après cette étude, les modes alternatifs peinaient à s’imposer. Le vélo et la marche ne concernent que 10 % des trajets domicile-travail (7 % à pied, 3 % à vélo), et les transports en commun 22 %, avec une concentration à Lyon et Villeurbanne (40 %). Autrement dit, hors centre, la voiture reste quasi indispensable.
Seuls les jeunes cadres du centre lyonnais, surreprésentés dans les arrondissements comme le 6e ou le nord du 7e, affichent des pratiques différentes : 25 % d’entre eux utilisent des modes doux, 42 % les transports en commun. Ces profils résident près de leur lieu de travail, souvent à Lyon même, et bénéficient d’un accès privilégié aux infrastructures.
« Les actifs qui résident en couronne de l’AAV se déplacent plus en voiture », souligne l’INSEE, notamment « dans les villes les plus excentrées ». Ce constat met en lumière l’un des principaux freins au changement : l’inégalité d’accès aux réseaux alternatifs.
Si les politiques publiques entendent renverser la tendance, notamment avec le déploiement du réseau cyclable structurant des Voies Lyonnaises, les chiffres rappellent l’inertie des usages. En 2024, les déplacements à vélo ont progressé de 8 % par rapport à 2021, selon les comptages métropolitains. Mais le vélo reste marginal dans l’ensemble des trajets.
Reste à savoir si les restrictions d’accès à la voiture prévues dans les prochaines années, comme la ZTL ou les zones à faibles émissions (ZFE), suffiront à faire évoluer durablement les pratiques.