Par

Thibault Nadal

Publié le

16 juin 2025 à 17h05

De l’aveu même de Sophie Camard, maire des 1er et 7e arrondissements de Marseille, cette opération est avant tout « symbolique ». « Cela permet de médiatiser notre insatisfaction », explique-t-elle. Ce lundi 16 juin 2025, l’élue (Printemps marseillais) a mené une descente contre les boîtes à clés des meublés touristiques installés illégalement dans l’espace public. Le rendez-vous avait été fixé dans le quartier du Vieux-Port, symbole de ce « surtourisme ». Où un logement sur quatre est destiné à ces locations.

35 boîtes à clés retirées

Ce genre d’opérations n’est pas la première du genre. Elle a déjà été menée dans le passé dans les quartiers très touristiques du Panier (2e) et du Cours Julien (6e). Cette fois, c’est celui des Arsenaux qui a été ciblé. Dans ces quatre arrondissements, 15000 annonces, dont 9600 identifiées comme résidences secondaires, ont été recensées selon Patrick Amico.

L’objectif était ainsi de retirer toutes les boîtes à clés de l’espace public, car « celles sur les propriétés privées, on ne peut pas les toucher », révèle Sophie Camard.

Avant de faire déplacer des équipes spécialisées qui ont soigneusement scié les boîtes à clés, les élus ont expliqué avoir alerté les propriétaires. Pour cela, un sticker a été déposé 15 jours plus tôt par la police municipale avec ce message : « La pose de ce matériel n’est pas autorisée sur le mobilier urbain ». Un délai « assez large » pour réagir selon Patrick Amico, adjoint aux Logements à la mairie de Marseille, également présent.

Avant de se voir retirer leurs boîtes à clés de l'espace public, les propriétaires reçoivent ce message.
Avant de se voir retirer leurs boîtes à clés de l’espace public, les propriétaires reçoivent ce message. (©TN / actu Marseille)

Mais ces derniers ne semblent pas effrayer par ces pratiques. Ce lundi matin, 35 boîtes à clés ont ainsi été retirées sur les 60 recensés. « Dans les propriétaires de ces résidences, il y a très très peu de Marseillais, mais plutôt des propriétaires de résidences secondaires et des investisseurs », indique la maire d’arrondissement.

Une crise du logement

Car le réel enjeu de cette opération est d’alerter sur le manque de logements dans la cité phocéenne.

On est en pleine crise du logement. Les prix sont très élevés alors que la population a un niveau de revenus très éloignés de Paris. Ça permet d’envoyer le message qu’on a besoin de logements pour les Marseillais.

Sophie Camard
Maire des 1er et 7e arrondissements

Une crise dans une « ville qui a connu une explosion en matière de logements touristiques meublés », affirme Patrick Amico. « La crise est nationale, mais elle est encore plus forte à Marseille », poursuit-il, s’appuyant sur plusieurs chiffres : 51000 personnes sont en attente d’un logement social.

Selon l’élu, la ville aurait besoin en plus de 4700 logements par an, mais c’est « extrêmement difficile de les produire », reconnaît-il.

Car se loger dans le centre-ville est devenu presque impossible pour les Marseillais. « Entre 2022 et 2023, 1 200 logements sont passés de résidence principale à secondaire. Ça ne peut pas durer », explique Patrick Amico. Dans les 1er et 7e arrondissements, c’est un logement sur dix qui est concerné par ce genre de locations.

Quelles armes pour lutter ?

Alors pour les limiter, plusieurs armes sont à la disposition des élus. « On n’est pas contre le tourisme et les locations touristiques, mais il y a du surtourisme », insiste toutefois Sophie Camard.

Mais l’édile rappelle que « Marseille est connue pour être une des villes les plus sévères sur les locations meublées touristiques saisonnières ». Elle ajoute que « la brigade de contrôle, en deux ans, a fait retirer 1000 à 2000 annonces qui n’ont pas les numéros de contrôles certifiés. »

Patrick Amico souhaite, lui, mettre davantage la Métropole à contribution pour « rattraper le déficit de logements ».

On ne sortira de cette crise que si l’on est capable de produire du logement de qualité. Cela nécessite des opérations lourdes d’aménagement public pour créer du foncier aménageable.

Patrick Amico
Adjoint aux Logements

Enfin, les élus vont s’appuyer sur une disposition de la ville de Marseille votée en février dernier qui limite à 90 jours la possibilité de louer sa résidence principale sur la loi « anti-Airbnb » qui oblige les propriétaires à compenser leur achat secondaire par une résidence principale, d’une même surface et dans le même secteur.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.