La colère grimpe chez les associations de riverains parisiennes. Ce lundi, quarante d’entre elles ont publié un texte commun dans lequel elles dénoncent plusieurs « mensonges » de la Ville de Paris sur le brûlant sujet des terrasses estivales, qui pourront rester ouvertes jusqu’à 23 heures cet été.
Dans le texte, notamment porté par le collectif Trudaine, très actif sur la question, les associations ciblent la Ville sur les raisons qui l’ont poussée à permettre l’ouverture des terrasses estivales une heure de plus, notamment les difficultés que connaît le secteur de la restauration à Paris.
Elles écrivent notamment qu’« un des rares secteurs en augmentation est celui des bars et restaurants », en citant l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur). Sur le sujet, l’étude la plus récente date de janvier 2024, et fait état d’une légère augmentation du nombre d’adresses dans la capitale, de l’ordre de 1,2 % entre 2020 et 2023, contre 4,3 % entre 2017 et 2020. Dans le même temps, la chambre de commerce et d’industrie (CCI) d’Île-de-France faisait état des difficultés du secteur à la sortie de la crise sanitaire.
« Contrairement à certaines idées reçues, Paris n’est pas devenue une immense terrasse géante. En moyenne, seule une demande sur quatre aboutit », rétorque la Ville de Paris. Qui souligne, tout de même, que « les terrasses font partie de l’ADN » de la capitale.
Autre chiffre relevé par les collectifs, celui tiré d’un sondage de l’Ifop en partenariat avec le Groupement des hôteliers et restaurations de France (GHR) et qui indiquait en mars 2024 que seules 3 % des personnes qui se rendent en terrasses le font « après le dîner, en soirée ». Une manière pour les signataires du texte d’appuyer leur argument : personne ne veut de ces terrasses tardives, qui étaient d’ailleurs autorisées jusqu’à minuit pendant l’été olympique.
‼️☀️Terrasses estivales ☀️‼️
Stop aux mensonges de la mairie de Paris disent 40 associations de riverains pic.twitter.com/o2SstKzwms— Collectif Trudaine (@CTrudaine) June 16, 2025
« Plus que la mesure en elle-même, c’est la méthode que nous contestons. Elle a été discutée de façon unilatérale avec des collectifs et des syndicats professionnels et les riverains ont été exclus. Il y a une exaspération généralisée parce qu’on n’est pas dans un dialogue constructif », dénonce Bertrand Lukacs, à l’initiative de ce manifeste, bien conscient que « le mot mensonge est très fort ».
La Ville de Paris assure au contraire avoir mené de nombreuses discussions à ce sujet. « Nous sommes attachés à la concertation avec les riverains. Leur implication sera renforcée dans les comités locaux bruit », promet-elle. Tout en rappelant qu’« une large concertation a déjà eu lieu lors de la révision du règlement. 238 associations, collectifs et syndicats y ont participé. »
Dans leur texte, les 40 associations de riverains s’inquiètent aussi du bruit que cette ouverture tardive pourrait engendrer. La mairie de Paris, qui n’a pas répondu à nos sollicitations, « devient le plus grand pollueur sonore nocturne de Paris », écrivent-elles, chiffrant à 150 000 « le nombre d’habitants de Paris qui auront des troubles de l’endormissement et du sommeil avec toutes les conséquences connues sur leur santé ».