Par
Yann Rivallan
Publié le
16 juin 2025 à 20h22
Les deux événements n’ont pas eu les mêmes répercussions. Mais leurs histoires possèdent des similitudes. Lundi 16 juin 2025, des membres des associations de victimes de l’incendie de Lubrizol recevaient à Rouen des militants de la catastrophe de Bohpal, en Inde.
Des interrogations dans les deux cas
Après avoir fait « un petit tour touristique » des sites industriels de Rouen à Rachna Dhingra, une des principales militantes de la catastrophe de Bohpal, les associations rouennaises ont organisé une conférence de presse pour tracer un parallèle entre l’incendie à Rouen et l’explosion de l’usine chimique en Inde.
Que s’est-il passé à Bohpal ?
Dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984, une usine de pesticides de l’entreprise américaine Union Carbide explose à Bohpal, en plein cœur de l’Inde. Quarante tonnes d’isocyanate de méthyle, un gaz toxique, se répandent dans l’atmosphère et attaquent les voies respiratoires de nombreux habitants. Cette nuit-là, des milliers de personnes meurent intoxiquées. Selon les militants qui défendent les survivants, on estime que 500 000 personnes ont été blessés au total dans cette catastrophe.
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Si Bohpal a malheureusement fait de nombreuses victimes (entre 8 et 10 000 morts la nuit du drame selon les militants), Lubrizol n’a engendré aucun décès dans l’immédiat. Mais là où les deux événements trouvent des similitudes selon les bénévoles, c’est dans les interrogations qu’ils suscitent.
Quarante ans après l’explosion de l’usine chimique de Bohpal, « on ne sait toujours pas exactement quels produits toxiques sont restés dans la nature, pointe Rachna Dhingra. Comme à Rouen. »
« L’impunité » des industriels
Aussi, Bohpal et Lubrizol se rejoignent sur « l’impunité » des industriels, regrettent les militants rassemblés. Les indemnisations « sont très dures à obtenir » et au bout du compte « les responsables ne reçoivent jamais d’amendes ou ne sont jamais condamnés », observe Rachna Dhingra.
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Et le désastre environnemental, lui, est toujours là.
Rachna Dhingra
Militante auprès des survivants de la catastrophe de Bohpal
Ainsi, les deux collectifs réunis à Rouen demandent plus de fermeté. « Il faut des gendarmes pour sanctionner », estime Christophe Holleville, secrétaire de l’Union des victimes de Lubrizol.
Les militants réclament aussi « un véritable protocole sanitaire », pour prévenir des catastrophes de la sorte et mieux prendre en charge les éventuelles victimes.
Et même si Lubrizol n’est pas Bohpal, « on n’est pas passés loin d’une catastrophe », rappelle Christophe Holleville. En effet, des stocks de pentasulfure ont été déplacés par des employés la nuit de l’incendie. S’ils avaient brûlé, le bilan de Lubrizol aurait pu être bien plus dramatique.
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