Président depuis 2015 du Conseil régional de Samarie, collectivité locale israélienne implantée en territoire palestinien, Yossi Dagan s’oppose vigoureusement (y compris en se barricadant sur place) depuis des années à tout retrait israélien de ces colonies.

La colonisation est jugée illégale par de multiples résolutions de l’Onu depuis plus de 40 ans, a été condamnée en 2024 par la Cour internationale de justice, et fait l’objet de sanctions internationales. Mais Yossi Dagan fait partie des promoteurs de longue date d’une politique d’occupation, et organise le retour de colons sur les territoires « désengagés ». À ce titre, et pour ses fortes connexions avec la droite évangélique américaine, il est choyé par l’administration Trump qui le consulte régulièrement et l’a invité aux deux investitures du président.

Déjà reçu au Parlement il y a 2 ans par des élus d’extrême droite

Pour toutes ces raisons, des collectifs alsaciens de défense des droits des palestiniens, mais aussi des députés européens, se sont émus ces derniers jours de la tenue de cet événement à Strasbourg, auquel étaient conviés des membres du Parlement européen. Car Yossi Dagan a aussi des contacts avec des élus de l’UE : en 2023, notamment, il avait été reçu au Parlement à Strasbourg par des élus d’extrême droite, parmi lesquels le Lega italien Marco Zanni.

La semaine dernière, un groupe d’eurodéputés de gauche, parmi lesquels le président de la commission parlementaire des Droits de l’homme, l’écologiste français Mounir Satouri, ont dit par courrier leur inquiétude à l’hôtel qui devait accueillir la conférence. « M. Dagan est publiquement connu pour son soutien à la colonisation illégale des territoires palestiniens, ainsi que pour ses déclarations en faveur du transfert forcé de la population palestinienne hors de Gaza. Le 28 janvier 2024, il a coorganisé une conférence où de nombreux appels au nettoyage ethnique et à la recolonisation de Gaza ont été prononcés », s’inquiètent-ils notamment, expliquant à l’hôtel concerné qu’en accueillant Yossi Dagan l’établissement « risquerait non seulement de cautionner une administration illégale, mais aussi de se rendre complice de violations du droit international ».

C’est finalement la clôture de l’espace aérien israélien, en raison du déclenchement du conflit avec l’Iran vendredi, qui a eu raison de cette conférence. Yossi Dagan n’ayant pu se rendre à Strasbourg, la réunion devait être organisée par internet.