Il y avait une petite déception ce lundi matin au tribunal judiciaire de Lyon où se tient pendant deux semaines le procès XXL du piratage des données d’intérimaires d’Adecco. 76 000 victimes dans toute la France, 5 538 parties civiles (*) représentées par plus de 350 avocats, deux amphithéâtres de faculté réquisitionnés : un procès hors norme, annonçait-on. Finalement, les bancs du public et de la presse étaient un peu vides pour l’ouverture des débats.

« Un circuit de blanchiment parmi les plus pointus »

Les prévenus aussi (14 annoncés) n’étaient pas tous au rendez-vous. Le principal mis en cause, le cerveau présumé de la gigantesque arnaque, Timothée L., seul détenu, a pris place dans le box vitré. Âgé de 23 ans au moment des faits, polo blanc et mèche brune, ce Vichyssois est poursuivi pour une vingtaine d’infractions dont faux et usage de faux, escroquerie et blanchiment en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs. « C’est un faussaire et un ouvreur depuis 2020-2021. Il a commencé à 17 ans », a résumé le directeur d’enquête de la PJ. « Il créait de fausses identités et ouvrait des comptes bancaires dans deux labos, un dans un garage, l’autre dans un local professionnel. »

Le deuxième homme du procès, c’est Théo V., un ex-stagiaire d’Adecco à Besançon. On lui reproche d’avoir fourni pendant trois mois l’accès à la base de données de son employeur sur un forum. « 99 % des piratages, c’est la faille humaine », poursuit l’enquêteur. « Le meilleur système de sécurité du monde ne peut rien contre l’humain. » Le jeune homme qui avait 19 ans était un « insider », la porte d’entrée pour tout piller.

Car les hackeurs ne s’étaient pas arrêtés aux 49,85 euros ponctionnés aux intérimaires. Leurs (précieuses) données avaient permis de créer de fausses cartes d’identité, de fausses cartes Vitale, d’ouvrir des comptes bancaires via des « mules », de frauder MaPrimeRénov’, le CPF (compte personnel de formation)… « Un circuit de blanchiment parmi les plus pointus » pour l’accusation.

(*) On en comptait 2 400 en fin d’instruction.