Pathologies respiratoires chroniques, l’asthme et les allergies rendent le quotidien de milliers de Réunionnais particulièrement difficile. À l’entrée de l’hiver austral, les conditions climatiques accentuent encore les symptômes : humidité, changements de température, et surtout, un pic de prolifération des acariens. À La Réunion, ces troubles sont nettement plus fréquents, et plus sévères, qu’en métropole.

«  Ventoline, aérosol… Je ne peux pas sortir sans », souffle Agnès Endeler, asthmatique et poly-allergique. Pour elle, comme pour tant d’autres, elle doit se méfier au quotidien. « Par exemple, les brasseurs d’air, les ventilateurs… Dès qu’ils sont en marche, c’est déclencheur. Je dois sortir ma Ventoline. Côté alimentation, c’est aussi très compliqué, surtout quand on connaît déjà le goût d’un aliment, et qu’un jour, on ne peut plus le manger », confie-t-elle.

Des enfants, eux aussi concernés 

L’asthme ne frappe pas que les adultes. À peine âgé de quelques mois, le petit Noah a déjà fait deux crises d’asthme sévères. La seconde l’a conduit directement à l’hôpital.

« Il tousse beaucoup, se creuse au niveau du cou et du ventre… Ce sont les signes qu’il est en train de faire une crise », décrit sa mère, Nadjati Deniard.

Un moment d’une rare intensité pour son père, Gabriel : «  Il a passé une quinzaine de jours à l’hôpital, dont dix en réanimation. Il était branché de partout, assisté pour respirer. C’est très impressionnant.  »

Les acariens, ennemis invisibles 

Chez certains patients, les allergies respiratoires vont bien au-delà de l’inconfort. Danielle Lebon, 67 ans, a vu sa qualité de vie basculer en 2016.
« J’ai commencé à avoir des plaques rouges, des démangeaisons insupportables… Puis les difficultés respiratoires sont apparues. J’étais sous oxygène quasiment en continu  », se souvient-elle.

Diagnostiquée allergique aux acariens, elle a dû revoir entièrement son mode de vie. Aujourd’hui, elle fait désinfecter son matelas à intervalles réguliers pour éviter toute rechute : «  Le spécialiste passe tous les deux à trois mois. Je ne veux surtout pas revivre ce cauchemar.  »

Ce spécialiste, c’est Maxime Thon, professionnel du nettoyage spécialisé dans les environnements allergènes. Chaque jour, il traite une dizaine de literies avec un appareil à la technologie bien particulière.
«  On utilise ce qu’on appelle un extracteur d’impuretés, qui fonctionne uniquement par vibration, sans aucun produit chimique. Il va chercher la poussière et les acariens jusqu’à 25 centimètres à l’intérieur du matelas  », explique-t-il.

En quelques secondes, l’appareil extrait une fine poudre : « Ce que vous voyez, c’est un amas d’acariens. Normalement, ils sont invisibles à l’œil nu. S’ils deviennent visibles, c’est qu’ils sont présents par millions. Une seule génération peut en compter jusqu’à deux millions, et ce, tous les trois mois.  »

Des chiffres à La Réunion

Le climat de l’île n’arrange rien. Chaud et humide, il constitue un terrain idéal pour les acariens. Résultat : près d’un Réunionnais sur deux est allergique à ces micro-organismes.

« À La Réunion, on compte deux fois plus d’asthmatiques chez les jeunes qu’en métropole, et les allergies sont trois à quatre fois plus sévères  », explique le docteur Jean-Claude Wutiuyen, allergologue et président de l’Association des allergologues de La Réunion.

L’asthme peut être mortelle. Entre 2020 et 2022, 18 personnes en sont mortes sur l’île.