Par

Antoine Blanchet

Publié le

17 juin 2025 à 6h30

« Y’a qu’une logique dans leur système. Semer la peur. Semer la mort ». Les paroles de la chanson, qui reprend un air de Francis Cabrel, se veulent dénonciatrices. Dénonciatrices d’une « dictature sanitaire » et de l’assassinat volontaire des personnes âgées dans les Ehpad. Casquette grise sur la tête et guitare entre les mains, Martial Lanoir déverse ainsi pendant plusieurs minutes ses théories complotistes.

Ce mardi 17 juin 2025, quelques années après cet enregistrement, ce n’est pas dans une salle de concert que le compositeur a rendez-vous, mais aux assises de Paris. Pas de foule en délire, mais des juges et des jurés. Pas de cachet à la clé, mais potentiellement 30 ans de réclusion criminelle. Martial Lanoir comparaît pour avoir « semé la mort ». En 2022, il a abattu un homme en pleine rue à Pigalle. 

Un complotisme exacerbé 

Le crime, survenu dans la nuit du 13 au 14 mai 2022, est une rencontre fatale. D’un côté, Martial Lanoir, un homme qui a basculé d’années en années dans le complotisme le plus virulent. Ce musicien autrefois remarqué dans plusieurs festivals s’est peu à peu dans une forteresse complotiste, antisémite et raciste. Sur Telegram, il anime un groupe à la gloire d’Adolf Hitler. Sur Youtube, il parle face caméra du grand remplacement. En 2020, le confinement donne du grain à moudre pour cet ancien fidèle d’Alain Soral. On le retrouve dans la rue à hurler dans un micro que l’épidémie a été fabriquée, ou encore en train d’interrompre en direct une émission de Touche pas à mon poste (TPMP).

Une balle dans la tête 

De l’autre côté, Éric Casado Lopez. Né d’un père marocain et d’une mère espagnole, ce jeune homme a grandi dans les Yvelines. Le 13 mai 2022, le jeune cariste vient de signer un CDI et se rend à Pigalle avec des amis pour fêter l’embauche. Vers 2 heures du matin, Éric Casado Lopez a une altercation avec un marginal. Tout le monde est alcoolisé. Une bagarre commence. 

C’est lors de cet échange de coups que la voiture de Martial Lanoir se gare à proximité. Le suprémaciste était parti faire une balade nocturne. Il ne se sépare jamais de son arme, un Colt 45 modèle 1911. Voyant la rixe, il décide d’intervenir. La suite est confuse jusqu’au dénouement fatal. Un coup de feu résonne dans le quartier branché. Sans sommation, Éric Casado Lopez est abattu d’une balle dans la tête. Martial Lanoir prend alors la fuite. 

L’accusé toujours convaincu d’avoir voulu sauver 

La cavale de l’accusé ne dure pas bien longtemps. Il est interpellé par un équipage de la brigade anticriminalité en bas de chez lui. Avec sa compagne, il tentait de filer se cacher en Lozère. Il est placé en garde à vue, mis en examen et placé en détention provisoire

Depuis, le musicien s’est fait peintre. Plusieurs de ses œuvres peintes en cellule sont revendues via internet. Plusieurs proches affirment sur les réseaux que la nuit du meurtre, l’accusé voulait sauver un homme du lynchage. Il aurait pris une vie pour en préserver une autre. « On poursuit Martial Lanoir pour ses idées, voire ses pensées et non pour son geste. Et on ne tient pas compte des circonstances et du fait qu’il soit venu pour sauver un homme tabassé », clame une proche sur internet. Est-ce cette version que l’accusé va arguer aux juges et aux proches endeuillés d’Éric Casado Lopez ? Le verdict du procès est attendu pour le 20 juin prochain. 

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