Aux États-Unis, une équipe de pharmacologues a travaillé
sur un herpèsvirus de singe dans un but bien précis. Selon les
auteurs, il serait possible d’utiliser une protéine de ce virus
afin d’améliorer la survie et surtout l’efficacité des cellules
immunitaires luttant contre les cellules cancéreuses.
Un moyen de booster les lymphocytes T
Pour rappel, l’immunothérapie aide à
renforcer (ou à rétablir) la capacité du système immunitaire de
combattre le cancer. Plus précisément, il s’agit de stimuler le
système immunitaire du patient afin que celui-ci
reconnaisse et détruise les cellules cancéreuses.
Dès les années 2010, il s’agit d’une révolution dans la lutte
contre le cancer, à la faveur d’importants progrès.
Or, cette discipline continue d’évoluer, comme en témoigne de
nouveaux travaux publiés dans la revue Science Immunology le 23 mai 2025. Des
chercheurs en pharmacologie et biologie de l’Université du Michigan
(États-Unis) se sont intéressés à un herpèsvirus, une famille de
virus à ADN. En réalité, les chercheurs ont travaillé sur
une des protéines du virus afin d’améliorer l’efficacité
des cellules immunitaires contre le cancer.
Le virus en question n’est autre que l’herpèsvirus
« saimiri », un virus infectant naturellement les
singes du même nom, que l’on nomme également
« singes-écureuils ». Or, ce même virus a la
particularité de transporter des protéines ayant la capacité
d’activer certains mécanismes chez les lymphocytes T (ou cellules
T), un type de globules blancs essentiels au système
immunitaire car jouant un rôle important contre les
infections et les cellules anormales, notamment les cellules
cancéreuses.
Un lymphocyte T.
Crédits : NIAID / FlickrUn ralentissement de la croissance des tumeurs
La protéine que les auteurs de l’étude ont identifié est la
Tyrosine Kinase Interacting Protein (TIP), cette dernière stimulant
la production d’autres protéines : les Signal Transducers and
Activators of Transcription (STAT), que l’on connait pour leur
capacité à prolongé la vie des lymphocytes T. Ainsi, en modifiant
la protéine TIP, les chercheurs ont réussi à renforcer le
pouvoir destructeur des lymphocytes contre les tumeurs.
Des tests en laboratoire ont donc permis d’augmenter la quantité de
protéines STAT chez ces globules, si bien que leur durée de vie a
pu être augmentée. Par ailleurs, il faut savoir que les tests ont
été pratiqués sur des souris ayant développé un mélanome et un
lymphome. En somme, la modification de la protéine TIP a permis aux
animaux de survivre plus longtemps en bénéficiant d’un
ralentissement de la croissance tumorale.
Pour les responsables de ces recherches, il s’agit ici d’une
façon inédite de générer une sorte de reprogrammation des
cellules immunitaires afin de les rendre plus efficaces
contre des tumeurs tenaces. Dans l’éventualité d’une combinaison
avec les actuelles immunothérapies, la stratégique pourrait se
montrer payante. En attendant, ces travaux très prometteurs sur la
protéine TIP n’en sont qu’à leurs balbutiements. En effet, de
nombreuses étapes restent à franchir avant d’arriver à une
utilisation sur des humains.