En France, l’État est neutre en matière de religion – y compris en Alsace-Moselle. Mais le principe de liberté de religion et de non-discrimination côtoie ici la réalité particulière du régime local : on y distingue les cultes dits “statutaires” ou “reconnus” (catholiques, protestants luthériens et réformés, juifs des consistoires) et les “non statutaires”. Lesquels englobent aujourd’hui beaucoup de monde : évangéliques, protestants libres, musulmans, orthodoxes, bouddhistes, hindouistes, juifs non consistoriaux, anglicans, et même mormons et témoins de Jéhovah.
Faciliter le rapprochement nécessaire entre les deux régimes
Concrètement, cela signifie que l’État français codésigne et paie des évêques, présidents d’Union d’Églises protestantes, curés, pasteurs et rabbins, tandis que les cultes non reconnus doivent s’organiser en associations. Une inégalité qui date de… 1801 et du Concordat signé entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII. Le statut spécifique accordé aux catholiques sera étendu l’année suivante aux protestants et aux juifs. Et quand la loi de séparation des Églises et de l’État sera promulguée en 1905, elle ne touchera pas l’Alsace-Moselle, alors allemande.
Porté par l’université de Strasbourg, avec le soutien de la Ville et de l’Institut du droit local alsacien mosellan, le colloque présente des travaux universitaires sur la situation des cultes non statutaires dans les trois départements, en s’autorisant un détour par la Belgique, l’Allemagne ou le droit européen. Objectif : valoriser les “bonnes pratiques” pour faciliter le rapprochement nécessaire entre les deux régimes.
Les débats seront animés, entre autres, par l’évêque auxiliaire de Strasbourg Christian Kratz, l’ancien président de l’université Michel Deneken , le théologien orthodoxe Christos Filiotis, les pasteurs Isabelle Gerber et Michel Schneider, le président de la Grande mosquée de Strasbourg Saïd Aalla et le bouddhiste Olivier Wang-Genh.
Salle de conférences de la Misha, 5 allée du Général Rouvillois à Strasbourg, mercredi 18 et jeudi 19 juin de 9 h à 17 h.