Par

Nicolas Demollien

Publié le

17 juin 2025 à 10h48

Au tribunal de Lille (Nord), un homme de 31 ans a été jugé en son absence pour homicides et blessures involontaires ainsi que pour mise en danger d’autrui. Dans la salle d’audience, plus d’une dizaine de proches et victimes se sont constitués parties civiles et espéraient comprendre ce qu’il s’est passé la nuit du 22 avril 2023. Ce soir-là, après une soirée alcoolisée pour fêter l’Aïd, un groupe d’amis est monté à bord d’une Audi RS6 louée. À plus de 250 km/h, la voiture sportive a percuté une Peugeot 208 sur l’autoroute A1, à hauteur de Phalempin, causant la mort de deux personnes et en blessant grièvement une troisième. Récit.

Accident mortel sur l’A1 à plus de 250 km/h : « Je me suis fait doubler par une boule de feu »

Le 22 avril 2023, à 1h15, des policiers sont appelés sur l’A1 en direction de Paris. Un accident mortel vient de se produire. Sur place, trois hommes tentent de s’expliquer, mais leurs propos sont jugés incohérents et ils présentent des sautes d’humeur. Le conducteur de l’Audi, seul prévenu dans l’affaire, est testé positif à l’alcool et au cannabis. Les policiers découvrent aussi qu’il ne possède plus de points sur son permis de conduire et qu’il roulait à plus de 100 km/h au-dessus de la limitation autorisée.

Un peu plus loin, un homme est retrouvé allongé au-dessus de la barrière de sécurité. Il sera déclaré décédé à 1h50. Il s’agissait du quatrième occupant de la voiture. L’un d’eux est aussi grièvement blessé, avec six semaines d’interruption totale de travail.

Le conducteur de la Peugeot 208, lui aussi, succombera à ses blessures. L’Audi RS6 a percuté l’arrière de sa voiture à très vive allure, l’encastrant jusqu’au réservoir. La citadine a alors été projetée à plus de 150 mètres et s’est enflammée, laissant à l’intérieur le corps entièrement carbonisé du conducteur, âgé de 39 ans. Des témoins de l’accident parlent d’un choc extrêmement violent. L’un d’eux affirme s’être « fait doubler par une boule de feu ».

Il roulait à plus de 250 km/h : une « vitesse ahurissante, aussi effrayante qu’inattendue »

Les passagers de l’Audi ont été entendus par la police. Ils déclarent avoir fêté l’Aïd entre amis en buvant de la vodka-Red Bull avant de faire un tour en voiture. L’un d’eux avoue le comportement très dangereux du prévenu et confirme la vive allure à laquelle il roulait dans les rues de Lille.

Selon lui, l’objectif était de « faire les bobos ». Plusieurs vidéos prises à bord du véhicule attestent que celui-ci roulait à une « vitesse ahurissante », rue Solférino.

Le prévenu met la faute sur la forte dose d’alcool consommée avant les faits. S’il reconnaît les homicides involontaires, il nie avoir mis en danger autrui : « Je suis un bon conducteur, je ne commets jamais d’excès de vitesse. Je n’ai rien fait, c’est la voiture qui m’a tapé. »

Il affirme qu’il roulait à 120 km/h au moment de l’accident et dit ne plus se souvenir des faits. Pourtant, l’expert sollicité par le tribunal estime avec certitude la vitesse à 252 km/h au moment de la collision, une vitesse qu’il considère « aussi effrayante qu’inattendue pour les autres usagers ».

 » Il n’a pas voulu tuer, mais il a tout fait pour ! « 

Les avocats des parties civiles sont unanimes : le prévenu n’a eu aucune conscience de sa responsabilité. « C’est de l’égoïsme et du mépris pour la vie des autres, il se marre et s’amuse ! Tout était réuni pour que le drame se produise« , dénonce l’un d’eux.

« Il a fait le fou pendant plusieurs heures dans Lille avant l’accident. Il n’a pas voulu tuer, mais il a tout fait pour ! », conclut un autre. Tous estiment également que le jeune homme a fait preuve de manipulation et a menti aux policiers afin de minimiser les faits.

Selon le procureur, l’absence du prévenu démontre que ses excuses ne sont « pas très sincères ». Il affirme que le lien de causalité est « évident » et que la location du véhicule n’a servi qu’à faire « n’importe quoi ». Il requiert donc dix ans d’emprisonnement et une annulation du permis de conduire pendant dix ans, « au regard de la peine des parties civiles ». Le tribunal a suivi les réquisitions.

Par Zoé Hondt

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