Dans le cadre de la lutte contre le narcotrafic, les Insoumis nantais ambitionnent d’ouvrir une salle de consommation à moindre risque dans la cité des ducs, en cas de victoire aux municipales de 2026.

Une «halte soins addictions» (HSA) pour les personnes en situation de dépendance. L’idée figure au milieu des propositions pour une politique de sûreté, dévoilées lundi 16 juin lors de la présentation du programme de La France insoumise (LFI) pour les municipales à Nantes. Entre des mesures en faveur de campagnes de prévention et d’un renforcement des politiques de santé mentale, les chefs de file insoumis ont annoncé vouloir créer cette HSA – autrement dit une «salle de shoot» pour consommer de la drogue de manière encadrée – afin de «limiter les pratiques à haut risque» et «renforcer le suivi sanitaire et social» des toxicomanes.

Cette halte, qui serait également associée à une «antenne mobile de consommation à moindre risque» permettrait, selon le mouvement, de mener une lutte contre les trafics de stupéfiants en «rupture claire avec la politique du tout répressif». Et ainsi de pouvoir «accompagner les usagers, plutôt que les stigmatiser ; prévenir, réduire les risques, et créer des alternatives concrètes», tout en ciblant les têtes de réseau plutôt que «les petits exécutants», énonce le programme mis en ligne sur la plateforme «Faire Mieux pour Nantes».

«Un accueil inconditionnel»

La proposition insoumise de créer une HSA dans la cité des ducs intervient dans un contexte particulier, en vertu de l’exclusion temporaire de l’Assemblée nationale du député LFI Andy Kerbrat, en mai dernier. L’élu nantais, ex-figure de proue des insoumis locaux, a été interpellé l’an passé, en flagrant délit d’achat de drogue de synthèse à un mineur, dans le métro parisien. Selon une enquête de Mediapart confirmée ultérieurement par le bureau de l’Assemblée nationale, le député avait dévoyé une partie de ses frais de mandat, soit jusqu’à 25.000 euros, pour financer ses consommations de substances illicites.

Les collègues parisiens et nantais du député insoumis ont soutenu sa décision de ne pas démissionner, malgré les doubles discours tenus par l’élu, qui s’était prononcé en faveur de «la lutte contre la drogue, avant tout» et pour «le démantèlement des réseaux et des trafics humains». L’intéressé s’est, depuis, projeté dans un parcours de soins. Interviewé en février dans «Envoyé spécial», Andy Kerbrat a confié être «tombé dans un engrenage jusqu’à me brûler les ailes». «Mon combat, c’est de m’en sortir», a-t-il ajouté.

Deux «salles de shoot» expérimentales existent déjà en France, à Paris et à Strasbourg. Une troisième devait voir le jour à Marseille, avant l’annulation du projet, provoquée notamment par une forte mobilisation citoyenne. Pour la mairie du Xe arrondissement de Paris, où a été ouverte en 2016 la HSA de l’Espace Jean-Pierre Lhomme, ce dispositif de santé publique caractérisé par «un accueil inconditionnel, confidentiel et gratuit», aurait eu un effet positif sur le parcours de soins de ses usagers. Son installation avait néanmoins été fraîchement accueillie par les riverains et les commerçants du quartier.