En 2023, le cinéaste Guillaume Brac a réalisé le court métrage « Un pincement au cœur », suivi en 2024 du long métrage « Ce n’est qu’un au revoir », tous deux évoquant les amitiés adolescentes. Les deux documentaires sortent en salles en ce mois de juin dans le cadre d’un même programme.
Le cinéaste français Guillaume Brac compte des dizaines de documentaires et de fictions à son actif. Ses deux derniers documentaires, le court métrage « Un pincement au cœur » (2023) et le long métrage « Ce n’est qu’un au revoir » (2024) présenté dans la sélection de l’ACID au Festival de Cannes 2024, sortent désormais au cinéma dans le cadre d’un même programme.
Si les deux documentaires partagent le thème des amitiés adolescentes, ils reflètent deux mondes très différents: « Un pincement au cœur » a été tourné dans un internat du nord de la France, dans l’ancien bassin minier d’Hénin-Beaumont, et « Ce n’est qu’un au revoir » dans un internat de la vallée de la Drôme, région alternative plutôt de gauche.
« Je trouvais que cela dressait un portrait sans doute plus universel de la jeunesse. Cela montrait deux jeunesses sur des territoires très différents, qui n’ont pas du tout accès aux mêmes possibilités d’évasion, de rapport à l’espace, à la nature, etc. Et à la fois deux jeunesses qui, au fond, sont traversées par les mêmes questions », souligne le cinéaste Guillaume Brac dans le 12h30 du 12 juin.
Une image du film « Ce n’est qu’un au revoir » de Guillaume Brac. [DR] Des amies comme une famille
« Ce n’est qu’un au revoir » documente la vie de quatre jeunes filles – Aurore, Nour, Jeanne et Diane -, dans leur internat, là où des liens très forts se sont tissés. Si Guillaume Brac a eu envie de traiter de l’amitié adolescente, c’est parce que lui-même n’a pas eu ce genre de bande de copains qui, lorsqu’on est à l’internat, devient une véritable famille.
« C’est un peu un regret, une blessure. Et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de faire ce film sur une bande d’amies très organique, qui est presque une famille. Elles sont à l’internat et elles vivent tous les jours ensemble. Je n’ai pas vécu ça et j’ai vraiment découvert en faisant le film cette espèce de lien très beau et très fort d’une bande d’amis qui a passé trois années ensemble. Et si la séparation est si difficile, c’est justement parce que c’est une deuxième famille », explique Guillaume Brac.
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Un antidote au vieillissement
Pour « Un pincement au cœur » comme pour « Ce n’est qu’un au revoir », Guillaume Brac a donc choisi exclusivement d’explorer des amitiés féminines. « Ce n’était pas du tout délibéré de ma part dans ces deux documentaires de m’intéresser plutôt à des jeunes filles. Dans les deux cas, ça s’est imposé. J’ai essayé de filmer des garçons, mais ils étaient beaucoup plus timides et avaient beaucoup plus de difficultés à ouvrir leur coeur, à se raconter et à explorer leurs émotions. Je ne veux pas en faire une généralité, mais en tout cas, mon expérience a montré cela », précise-t-il.
Les relations entre jeunes et l’amitié sont au coeur de plusieurs films de Guillaume Brac, notamment la fiction « A l’abordage » sortie en 2020. « Les films permettent évidemment de vivre certaines choses par procuration. (…) Moi je me sens très vivant quand je fais des films. Et puis c’est vrai que j’ai beaucoup filmé la jeunesse et ça me fait beaucoup de bien. Les années passent, c’est un peu un antidote au vieillissement », affirme le cinéaste.
A travers ses deux documentaires sensibles et intimes, Guillaume Brac découvre aussi une génération militante, engagée pour le vivant, qui l’émeut. Une génération à une étape charnière de sa vie qui, à la fin du lycée et au seuil de l’âge adulte, découvre la mélancolie et s’interroge plus que jamais sur l’avenir.
Propos recueillis par Pauline Rappaz
Adaptation web: ld
« Ce n’est qu’un au revoir » (2024), suivi de « Un pincement au coeur » (2023) de Guillaume Brac, Cinématographe, Lausanne, le 17 juin 2025; cinémas du Grütli, Genève, le 18 juin 2025.