Depuis six mois, Dessintey teste un espace d’auto-rééducation guidée à la Résidence Mutualiste Alpha de Champdieu. L’objectif ? Venir en complément du travail des thérapeutes, travailler en s’amusant, mais aussi rompre l’isolement de certains patients… Seuls trois sites de la Région participent à cette étude visant à analyser les comportements des patients envers cet outil. A terme, cela pourrait faciliter leur récupération et réduire leur temps de séjour…
L’expérience est menée au sein de trois centres, pendant neuf mois. ©Dessintey
« Grâce à cet outil, les patients travaillent sans s’en rendre compte, constate Amandine Klepper, ergothérapeute à la Résidence Mutualiste Alpha. C’est devenu un vrai lieu de vie ». L’outil en question ressemble à une borne d’arcade avec une ou plusieurs boules bleues. Mise au point par Dessintey, trois dispositifs sont désormais testés à la Résidence mutualiste Alpha de Champdieu. D’abord start-up, aujourd’hui devenue PME, Dessintey est née d’une rencontre suscitée par les services économiques de Saint-Etienne Métropole entre l’ingénieur-entrepreneur Nicolas Fournier et le Pr Pascal Giraux, chef du service MPR (Médecine physique et de réadaptation) au CHU de Saint-Etienne, ainsi que Davy Luneau, thérapeute ayant exercé dans le milieu de la rééducation et qui collaborait auparavant avec ce dernier.
L’entreprise est une medtech spécialisée dans la rééducation intensive des pathologies d’origine neurologique ou orthopédique. Son premier dispositif, l’Intensive Visual Stimulation (IVS), portait sur la thérapie miroir des membres supérieurs et a été commercialisé en 2018, puis des membres inférieurs en 2021. En parallèle, Dessintey a ouvert une filiale en Allemagne et développé de nombreux partenariats à l’international, en Belgique, en Roumanie, en Corée, en Italie, en Malaisie, en Inde, à Singapour ou encore au Moyen-Orient.
« Aujourd’hui, 350 IVS sont installés dans des établissements de santé, dont 200 en France, détaille Julie Perrin, responsable marketing chez Dessintey. Nous comptons désormais 25 salariés avec pour particularité le fait que nos commerciaux sont des thérapeutes. Nous sommes présents dans des hôpitaux, des cliniques, ou des centres de rééducation, avec une répartition égale entre établissements publics et privés ». Avec ce nouvel outil d’auto-rééducation guidée, la structure entend franchir une nouvelle étape.
Préparer le retour à domicile
Marc Aubry, président de la Mutualité française Loire-Haute Loire – Puy-de-Dôme, groupe Aésio Santé, et Nicolas Fournier ont mis en place à la Résidence Mutualiste Alpha de Champdieu un concept novateur : l’espace d’auto-rééducation guidée. Imaginé par Dessintey, il fait partie d’une étude menée au sein de trois établissements de la région, aux côtés de la clinique Iris de Saint-Priest (Rhône) et du centre de soins SSR MGEN Camille Blanc (Haute-Savoie).
Le but est de renforcer l’autonomie des patients en augmentant leur temps d’activité puisque ces espaces sont accessibles sept jours sur sept. « L’espace est ouvert en complément des séances pour consolider les bénéfices de la rééducation, précise Julie Perrin. Et puis quand les familles viennent en visite, c’est aussi une activité à faire ensemble ». Les appareils permettent de travailler sur les fonctions motrices et cognitives, avec comme enjeu de faciliter le retour du patient à domicile. Pour ce faire, Dessintey a donc créé trois appareils.
On avait un patient qui ne sortait jamais de sa chambre et qui était toute la journée sur sa tablette. Il s’y est mis et rien que pour ça, c’est une victoire.
Amandine Klepper, ergothérapeute à la Résidence Mutualiste Alpha.
Trois solutions
Le SRT5, adapté aux patients qui ont une bonne motricité et qui permet une grande amplitude de mouvements, le SRT2 pour une coordination bimanuelle et avec une amplitude de mouvement moyenne, et enfin le SRT6 pour un travail attentionnel, qui permet de travailler pour les patients avec une moins bonne récupération. « A leur entrée dans l’établissement, les soignants déterminent le moment où le patient va pouvoir commencer à utiliser cet espace, ajoute la responsable marketing chez Dessintey. L’outil est très inclusif puisqu’il s’est adapté et décliné en trois versions selon la motricité de chacun ».
Ce qui en fait un espace adapté à quasi toutes les pathologies, en dehors des cas de démence, ou des patients qui ont des troubles de la vue, âgées ou non. « Cela fait six mois que nous avons cet espace et les patients travaillent sans s’en rendre compte, se réjouit Amandine Klepper. Ils peuvent se mobiliser sans le thérapeute, même si ce dernier reste essentiel. C’est aussi vraiment bien niveau sociabilité ».
Rompre l’isolement
Lors des premières séances, les résidents sont accompagnés par un professionnel et ensuite sont invités à les utiliser en totale autonomie ou avec leurs proches. Les bornes donnent accès à des jeux assez universels comme le Mastermind, le Simon, etc. Et les résidents, qui ont accès aux scores des autres, vont même jusqu’à se challenger entre eux, tentant de battre des records. « On n’est pas forcément orienté sur un objectif de récupération, ça a un côté ludique et ça fait travailler tout le monde, indique l’ergothérapeute. Et lorsque des patients travaillent dessus, cela donne aussi envie aux autres puisqu’il s’agit d’un lieu de passage. On avait un patient qui ne sortait jamais de sa chambre et qui était toute la journée sur sa tablette. Il s’y est mis et rien que pour ça, c’est une victoire. Les patients, comme nous, aiment beaucoup cet espace ».
Une innovation qui peut générer des gains au niveau santé, mais aussi économiques en réduisant potentiellement les durées de séjour, et les risques de ré-hospitalisation. Dessintey enregistre une croissance de 50 % par rapport à l’année précédente et a dépassé les 6,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024.