L’unité de la droite trumpiste est mise à rude épreuve depuis quelques jours sur le soutien à apporter à l’intervention israélienne en Iran : si les Républicains de l’establishment apportent à l’État hébreu un soutien sans faille, plusieurs figures emblématiques déplorent l’abandon de la ligne non-interventionniste.
Donald Trump n’en finit plus de se fâcher avec ses plus proches amis et soutiens. Après le violent clash qui l’a opposé à Elon Musk, c’est désormais avec l’ancien animateur vedette de Fox News Tucker Carlson qu’il a échangé des noms d’oiseau, sur fond de désaccord au sujet de l’engagement des États-Unis dans le conflit au Moyen-Orient. Depuis son départ de la chaîne en 2022, Tucker Carlson avait pourtant mis son émission sur le réseau social X au service de la campagne du candidat Trump, en offrant une tribune à ses proches et aux idées portées par le mouvement MAGA.
Figure également de la droite conspirationniste américaine (il a notamment réfuté l’utilité des vaccins, présenté les assaillants du Capitole comme les victimes d’une machination, insinué que Barack Obama était homosexuel ou nié le réchauffement climatique), Tucker Carlson s’est peu à peu converti depuis une vingtaine d’années à une doctrine non-interventionniste, après avoir d’abord soutenu la guerre de George Bush en Irak.
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Cette ligne l’a poussé à condamner fermement les bombardements israéliens sur Téhéran depuis quelques jours, et même à écrire par la suite, face aux réactions de Donald Trump pouvant s’apparenter à un soutien à ces opérations militaires, que le président américain était «complice de ces actes de guerre» dont l’issue «sera déterminante pour la suite de son mandat». Tucker Carlson a par la suite dénoncé l’influence des éditorialistes «va-t-en-guerre», dont ses anciens collègues de Fox News Sean Hannity et Mark Levin, qui feraient d’après lui pression sur Trump pour le pousser à «une intervention militaire directe des États-Unis dans une guerre contre l’Iran».
Il n’en fallait pas plus pour mettre en colère le président des États-Unis, qui s’est emporté sur son réseau Truth Social contre la vedette médiatique : «Quelqu’un peut-il expliquer à ce dingue de Tucker Carlson que L’IRAN NE PEUT PAS AVOIR D’ARME NUCLÉAIRE !» a-t-il écrit.
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Le mouvement MAGA divisé
Il faut dire que la position de Donald Trump, qui avait d’abord déclaré avoir tenté de dissuader Israël de mener les premières frappes, mais qui s’est dorénavant montré beaucoup plus solidaire de l’intervention contre l’Iran, déroute une partie de son camp. Au point de dévoiler au grand jour une véritable ligne de fracture au sein du mouvement MAGA, dont une partie soutenait jusqu’ici avec insistance l’isolationnisme américain promis par Trump, sous le slogan «America first» ; et dont une autre partie plaide pour un soutien sans faille à Israël, à l’instar du président de la Chambre des représentants, le républicain Mike Johnson, qui a déclaré vendredi qu’Israël était «dans son bon droit» en frappant l’Iran. À la Chambre, l’élue géorgienne proche de la droite QAnon Marjorie Taylor Greene a au contraire indiqué qu’elle «priait pour la paix», et écrit sur son comppte X : «Tous ceux que je connais sont las des interventions des États-Unis et des changements de régime dans les pays étrangers».
Très suivi sur les réseaux sociaux de la droite américaine, l’influenceur Charlie Kirk a même affirmé que ces dissensions internes au sein du courant trumpiste sur les questions de politique internationale finiraient par provoquer un «schisme massif».