Le monde est devenu fou. Et semble glisser chaque jour en nous un peu de sa folie, du matin où l’on allume la radio au soir devant le 19h30, sans compter les smartphones fébrilement consultés. En sourdine, cette question: jusqu’où s’étendra le chaos du monde? Face aux actualités au Proche-Orient, l’angoisse gagne du terrain. Peut-être jusqu’à la Maison-Blanche, à voir la précipitation avec laquelle Donald Trump vient de quitter la réunion du G7 au Canada.
Cette angoisse, c’est d’abord celle des populations qui affrontent une guerre alors qu’elles n’aspiraient à rien d’autre qu’à vivre en paix, comme vous et moi. Des millions d’Iraniens voient resurgir une guerre internationale sur leur sol, une première depuis celle contre l’Irak dans les années 1980. Et ils ne l’ont pas plus choisie qu’ils n’ont choisi leur régime. Les Israéliens sont visés par des frappes si violentes que même leurs abris les mieux conçus sont anéantis. Quant aux Palestiniens, leur peur s’ajoute à l’écœurement de voir leurs douleurs mises au second plan, alors qu’à Gaza, on continue de mourir, chaque jour, sous les bombes et de la faim.
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Un début de XXIe siècle bousculé
Le monde est fou, ce début de XXIe siècle nous en a déjà donné la preuve à plusieurs reprises. Rappelons qu’il y eut, actée par l’OMS le 20 janvier 2020, la pandémie de Covid-19 qui coûta la vie à plus de 7 millions de personnes. Deux ans plus tard, le 24 février 2022, la guerre fit son retour dans une Europe, qui s’en croyait débarrassée à jamais, à travers l’assaut de Vladimir Poutine sur l’Ukraine. Un an et demi après, le 7 octobre 2023, le fragile équilibre du Proche-Orient volait en éclats sous l’impact du massacre du Hamas en Israël. S’ensuivit le retour du président américain le plus erratique et brutal de l’histoire des Etats-Unis: Donald Trump. Et comme si tout cela ne suffisait pas, voilà que débutait, le 13 juin 2025, une guerre Iran-Israël qui nous menace tous.
Théâtre d’événements dont l’ampleur nous dépasse, ce monde fou qui suscite la peur provoque une tentation: celle de détourner le regard. A quoi bon, après tout, s’angoisser devant des catastrophes face auxquelles nous sommes d’impuissants spectateurs? Le ciel calme sous lequel nous vivons invite pourtant à autre chose qu’à l’indifférence. Il nous appelle à trouver un espace et un temps pour penser le monde, pour penser au monde. Ce monde qui a besoin de nous. Qui a besoin de notre courage. De notre compassion. De notre compréhension. Qui a besoin, en somme, que nous en restions les acteurs.
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