Pour Stéphane Sajoux, président de la FFB Ile-de-France Est, l’argument de la fraude avancé par le gouvernement pour suspendre provisoirement MaPrimeRénov’ n’est pas vraiment recevable. « La FFB intervient depuis deux ans sur ce sujet de la fraude dite « industrialisée », qui s’est logée sur la rénovation globale. Nous avons alerté la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCR) et Bercy. Nous avons remonté plus de 600 signalements pour la France entière mais seules trois entreprises ont été condamnées », a-t-il indiqué, le 10 juin, lors d’un point presse de l’Alliance pour le logement Ile-de-France (1), auquel il participe en tant que représentant de l’Union des fédérations du bâtiment IDF.
A en croire Stéphane Sajoux, la fraude est bien réelle : « Selon l’Insee, au premier trimestre, le coût moyen d’une rénovation globale s’est établi à 85 000 € alors que nous chiffrons ces travaux entre 35 000 et 55 000 € », a-t-il détaillé.
Demande d’annulation de l’interdiction de location des biens G
En attendant la réactivation du dispositif, le 15 septembre, les membres de l’Alliance pour le logement IDF souhaiteraient que MaPrimeRénov’ soit immédiatement rétablie pour les rénovations monogestes faisant valoir que « la fraude y est quasiment inexistante, les travaux moins coûteux et les dossiers moins complexes à monter ». Ils demandent aussi l’annulation de l’interdiction de location des logements classés G « au moins le temps de réaliser les travaux », a précisé Olivier Princivalle, président de la Fnaim Grand Paris, ainsi que l’augmentation de la subvention accordée pour mener les travaux de mise aux normes énergétiques de ces mêmes biens.
Télescopage avec la crise du logement
Les professionnels s’inquiètent d’autant plus que la suspension de MaPrimeRénov’ se télescope avec la crise dans le secteur du logement neuf. En 2024, 9220 logements ont été mis en vente en Ile-de-France, soit une baisse de 32% sur un an et de 64% par rapport à la moyenne décennale. Si les mises en chantier augmentent très légèrement – de +0,1% à fin avril sur un an -, « ce résultat n’est que la résultante des ventes en bloc signées par CDC Habitat et Action Logement qui ont acquis une grande partie des opérations destinées à l’accession avec une part de logement social. Il ne s’agit pas d’une reprise », a commenté Emmanuel Dezellus, chef de file de l’Alliance pour le logement IDF, par ailleurs président de Seqens.
Un plan territorialisé de relance du logement
Pour les membres de l’Alliance pour le logement, la relance de la production neuve passe par la mise en œuvre de plusieurs mesures, déjà formulées en novembre dernier, parmi lesquelles la délivrance des permis de construire par les maires dès lors qu’ils sont conformes au PLU/PLUi ; un renfort significatif des tribunaux pour que les recours contentieux soient jugés dans les délais légaux ; la simplification des cahiers des charges établis par les EPA… « En février dernier, la ministre du Logement, Valérie Létard, a demandé un plan territorialisé de relance du logement. Il devrait être présenté lors du prochain Comité régional de l’habitat et de l’hébergement (CRHH), le 25 juin », a conclu Emmanuel Dezellus.
(1) L’Alliance pour le logement Ile-de-France regroupe l’Union des Fédérations du Bâtiment IDF, le Pôle Habitat FFB IDF, l’Aorif, la FPI IDF, la Fnaim Grand Paris, l’UNSFA IDF et l’UNIS IDF