Manufacturier unique du MotoGP pendant 11 ans, Michelin va quitter les Grands Prix à la fin de la saison prochaine pour s’impliquer désormais en WorldSBK. Le groupe y prendra la suite de Pirelli, qui va lui-même le remplacer en MotoGP et gérer toutes les catégories annexes. De la même façon, Michelin sera fournisseur exclusif pour l’ensemble des compétition mondiales des dérivées de la série, soit quatre catégories, avec un accord portant sur cinq ans.

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Michelin explique les motivations de ce nouvel engagement par une quête de « haute performance, durabilité et accessibilité » dans le développement de ces nouveaux pneus, et par ses retrouvailles avec « une discipline qui correspond parfaitement à son ADN d’innovation au service de tous ».

Dans une interview accordée à l’édition italienne de Motorsport.com, Piero Taramasso en dit plus sur les raisons de ce choix, fait après avoir décidé de quitter le MotoGP face à la demande de la Dorna d’en équiper toutes les séries annexes. Celui qui est à la tête des programmes de course moto à Clermont-Ferrand explique la volonté de Michelin de poursuivre le travail de recherche et développement en conditions de course et la perception du WorldSBK comme étant la meilleure plateforme pour cela.

« Il s’agit pour nous d’une bonne transition afin d’utiliser les connaissances et la technologie que nous avons développées en MotoGP et de les transférer en Superbike, pour ensuite introduire ces solutions sur les pneus de route dans le commerce », explique le responsable deux-roues de Michelin Motorsport.

« C’est un passage que je définirais presque naturel pour nous, parce que ce sont des motos dérivées de la série, donc les technologies que nous allons développer dans ce championnat pourront être déclinées plus rapidement sur la gamme des pneus destinés au grand public. D’autant qu’il ne faut pas oublier que le public du Superbike est un public de grands passionnés et que beaucoup d’entre eux sont propriétaires de motos sportives ou super sport, des segments qui nous intéressent beaucoup. »

Le Bibendum va quitter le MotoGP pour le Superbike.

Le Bibendum va quitter le MotoGP pour le Superbike.

Photo de : Rainier Ehrhardt

Néanmoins, une des raisons ayant poussé Michelin à quitter les Grands Prix est que la Dorna voulait, à partir de 2027, avoir un fournisseur pneumatique unique pour l’ensemble des catégories – MotoGP, Moto2, Moto3, MotoE mais aussi les séries annexes de détection de talents que sont la Red Bull Rookies Cup et les Talent Cup de trois régions du monde (Asie/Océanie, Grande-Bretagne, Europe centrale et du nord).

Michelin ne le souhaitait pas, mais a pourtant accepté de fournir toutes les catégories du championnat du monde Superbike, à savoir le WorldSBK, le WorldSSP, la nouvelle catégorie WorldSportbike (WorldSPB) qui va remplacer le WorldSSP300, et le championnat féminin WorldWCR. Pourquoi ce choix ?

« D’un point de vue stratégique, nous avions trouvé un sens pour le MotoGP et pour le MotoE, et lorsqu’il nous a été proposé de prendre aussi en charge le Moto2, le Moto3 et le tout le reste, nous n’avons pas trouvé de véritable motivation au niveau stratégique et technologique », explique Piero Taramasso.

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« L’implication nécessaire aurait aussi été trop importante, à cause des volumes de production requis, car quand on parle de fournir toutes les catégories en MotoGP, ce n’est pas uniquement le Moto2 et le Moto3, mais aussi la Rookies Cup et les Talent Cup. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de renoncer au lieu de devoir potentiellement abaisser le niveau de soutien et de qualité apporté. »

« Les quantité requises en World Superbike sont nettement inférieures, cela fait une grande différence car cela va nous permettre de maintenir des standards élevés. Par ailleurs, c’est un championnat beaucoup plus proche des motos de série, alors cela a un sens d’un point de vue stratégique. »

La fin du pneu de qualification en WorldSBK

Pour ce nouveau programme, Michelin va développer des pneus différents de ceux utilisés aujourd’hui en MotoGP. « Ce seront des pneus spécifiques pour le Superbike. Nous partirons de produits que nous utilisons aujourd’hui dans les championnats nationaux de dérivées de la série, sur lesquels nous mettrons en place des technologies venues du MotoGP », explique Piero Taramasso.

« L’idée est de rapprocher cette technologie de celle des pneus de route, en produisant des pneus qui pourront ensuite être utilisés, par exemple, pour des journées piste. Il s’agit donc d’utiliser tout ce que nous avons appris en MotoGP et en MotoE afin de créer des pneus plus performants destinés aussi aux clients en moto de sport. »

« Il est cependant trop tôt pour dire précisément ce que nous ferons en Superbike, car nous avons encore face à nous une année et demie en MotoGP et en MotoE, et nous voulons conclure ce chapitre du mieux possible. »

Michelin tyres

Michelin n’a pas l’intention de produire des pneus de qualifications en WorldSBK.

Photo de : Gold and Goose

À chaque fois qu’un manufacturier a envisagé de rejoindre le Superbike s’est posée la question d’un pneu de qualifications. Celui-ci n’existe pas en MotoGP mais reste fourni dans ce championnat afin que les pilotes puissent bénéficier de performances extrêmes pendant la Superpole. L’approche de Michelin est toutefois claire : son arrivée coïncidera avec l’arrêt de cet outil, le manufacturier souhaitant privilégier une performance durable plutôt qu’explosive.

« Nous sommes opposés aux pneus de qualifications. Faire un pneu pour un seul tour, deux au maximum, puis le jeter, ce n’est pas notre philosophie », explique Piero Taramasso. « Nous allons donc chercher à faire un pneu soft qui soit performant en qualifications et qui permette aussi de couvrir la distance de la course, comme nous le faisons actuellement en MotoGP. »

« Par rapport au MotoGP, l’énergie appliquée aux pneus est nettement moindre en Superbike, et les courses sont aussi plus courtes, donc cela devrait être plus simple. Et le pneu soft devrait être bon pour la Course Superpole, dont le concept est très similaire à celui du sprint [en MotoGP], sur une dizaine de tours aussi. »

Enfin, tout en quittant le MotoE, Michelin souhaite poursuivre son travail sur le développement de matériaux durables et recyclables, dont le pourcentage n’avait cessé d’augmenter dans le championnat électrique associé aux Grands Prix.

« Nous voulons exploiter ce type de connaissances », souligne Piero Taramasso. « Il y a actuellement 57% de ces matériaux en MotoE, mais en MotoGP et sur tous les pneus Michelin, il y a un pourcentage de matériaux durables, nous voulons donc poursuivre cette philosophie en Superbike. Il est encore tôt pour dire si ce sera en WorldSBK ou dans une des catégories annexes, car nous devons encore en discuter avec la Dorna, mais nous verrons ce qui pourra se faire. »

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Matteo Nugnes

MotoGP

WorldSBK

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