Le président a déjà accordé deux sursis à cette vente, rendue obligatoire par une loi de 2024, faute d’un accord avec la Chine.

La vente de TikTok, imposée par le Congrès américain, tarde à se matérialiser à quelques jours d’une énième date butoir, fixée à jeudi. À bord de l’avion présidentiel Air Force 1, Donald Trump a indiqué qu’il accorderait «probablement» un nouveau report de l’échéance. Il s’agira du troisième, après deux premiers sursis de 75 jours chacun.

En vertu d’une loi votée au Congrès en 2024, le réseau social reste sous le coup d’une interdiction aux États-Unis si sa maison mère chinoise ByteDance n’en abandonne pas le contrôle. Mais à l’approche de la limite de jeudi, les élus, pourtant très remontés il y a quelques mois, semblent désormais se désintéresser du dossier.

Selon plusieurs médias américains, un protocole avait bien été trouvé début avril. Il prévoyait la séparation de TikTok US du groupe ByteDance, avec une recomposition du capital. Les parts détenues par des investisseurs non chinois auraient dû passer de 60 à 80%, ByteDance conservant les 20% qu’elle possède actuellement. Le groupe informatique Oracle, qui héberge déjà les données de TikTok US sur ses serveurs américains, devait être à la manœuvre, accompagné, notamment, par le gestionnaire d’actifs Blackstone ou l’entrepreneur Michael Dell.

Mais l’annonce de droits de douane imposés par Donald Trump à ses partenaires commerciaux, avec une note particulièrement salée pour la Chine, à 54% (plus tard relevés jusqu’à 145%), a bloqué la transaction côté chinois. «Il nous faudra probablement l’accord de la Chine», a reconnu, mardi, Donald Trump. «Je pense que le président Xi finira par donner son feu vert.»

Début mai, sur NBC, Donald Trump affirmait encore pouvoir intégrer le volet TikTok aux négociations plus larges avec la Chine sur le commerce, mais les deux sujets semblent aujourd’hui bien dissociés.

Toujours populaire

Mais loin de pâtir de cette crise géopolitique, le réseau revendique toujours 170 millions d’utilisateurs aux États-Unis, dont 7,5 millions de comptes d’entreprises, des grands groupes aux PME. Selon le site spécialisé Appfigures, le réseau social est la deuxième application la plus téléchargée aux États-Unis derrière ChatGPT sur les téléphones Android.

La mansuétude affichée par le milliardaire, qui a redit à NBC avoir «un petit faible pour TikTok», a sensiblement dilué l’urgence de la situation. Sur la plateforme, seuls quelques messages évoquent, sans passion, la date du 19 juin, leurs auteurs convaincus d’un nouveau délai à venir.

Le contraste est marqué avec le début d’année, qui avait vu beaucoup d’influenceurs préparer leur migration vers d’autres cieux, en particulier Instagram ou YouTube.

D’autres candidats à un rachat de la plateforme s’étaient positionnés en début d’année, en particulier le «Project Liberty» de l’entrepreneur Frank McCourt et la start-up d’intelligence artificielle (IA) générative Perplexity AI, chacun voulant intégrer l’application à un modèle plus large. Le premier n’a pas répondu à une demande de l’AFP, tandis que le second s’est refusé à tout commentaire.