L’image a fait le buzz durant les Internationaux de Strasbourg de tennis : au changement de côté, l’Américaine Danielle Collins, qui remplit sa gourde à la fontaine à eau située derrière la chaise de l’arbitre, enguirlande un caméraman qu’elle estime trop envahissant. « Nous, on était contents, on a bien vu notre marque ! », rigole un collaborateur de la société d’eau minérale naturelle alsacienne, partenaire du plus gros tournoi féminin de France hors Roland-Garros.

Et, de loin, le plus écoresponsable. Ici, les gourdes métalliques ont remplacé les bouteilles jetables et le plastique a été banni du court central, dont l’électricité est produite par des capteurs solaires situés dans les bâches. Ce ne sont là que quelques-unes des très nombreuses mesures mises en place par le tournoi depuis que Denis Naegelen en est devenu le propriétaire, en 2009.

En septembre dernier, HOPIS, la société qui gère le tournoi, a embauché Alexandra Bellon, titulaire d’un Master en transition écologique et solidaire. Son rôle, en plus d’accompagner les mesures déjà mises en place, est de trouver de nouvelles pistes pour réduire l’empreinte carbone de l’épreuve et de rédiger une charte éthique à destination de tous les acteurs de l’événement. Soit plusieurs milliers de personnes, entre les membres de l’organisation, les fournisseurs, les bénévoles, les spectateurs, mais aussi les joueuses et leur entourage.

De la « forêt des IS » à la bataille de l’eau

Alexandra Bellon est aussi en contact régulier avec le garde forestier qui a en charge la « forêt des IS », à Mollkirch et désormais à Andlau. Depuis 2022, neuf à dix mille chênes rouges d’Amérique, chênes sessiles, tilleuls et érables ont en effet été replantés dans le cadre d’un programme de compensation « bas carbone ». « La forêt pousse et elle pousse bien ! Mais je travaille aussi sur des projets dont l’impact sur l’environnement est plus immédiat », développe la coordinatrice RSE du tournoi. « L’un des grands chantiers, dans le tennis, est de faire en sorte que les courts en terre battue soient arrosés par de l’eau non potable. Mais pour cela, nous sommes dépendants des infrastructures existantes. L’idéal serait que le TC Strasbourg, où est organisé le tournoi, soit équipé d’un système de captage des eaux de pluie. »

Le diable, en matière d’environnement, se cache aussi dans les détails. « L’an dernier, une mangue dans la salade de fruits des bénévoles avait fait exploser notre bilan carbone », poursuit Alexandra Bellon. « Elle ne laisse rien passer, et c’est tant mieux ! », dit d’elle Jérôme Fechter, le codirecteur des IS.

« Une autre de nos limites, c’est le bien-être des joueuses et le contenu du cahier des charges de la WTA (l’association des joueuses professionnelles, ndlr) », prolonge Alexandra Bellon. « Par exemple, en début de tournoi, les joueuses consomment en moyenne 15 kilos de bananes par jour et on ne peut pas les en priver. Mais il faudrait pouvoir s’assurer que ces bananes soient acheminées par bateau plutôt qu’en avion pour réduire leur empreinte carbone. La WTA est en tout cas très intéressée par le travail que nous faisons ici. »

L’objectif est toujours le même : que la petite balle jaune ne laisse une trace que sur la terre battue, pas sur l’environnement à Strasbourg.