Ces policiers nationaux étaient intervenus dans la basilique de Nice pour sécuriser les lieux lors de l’attaque terroriste qui avait tué trois personnes, le 29 octobre 2020.
Ils n’étaient pas encore reconnus comme telles lors du premier procès, ils le seront lors de celui en appel prévu en décembre 2026 : douze policiers nationaux ont enfin été reconnus parties civiles dans l’attentat de la basilique de Nice (Alpes-Maritimes), qui a fait trois morts dont le sacristain dans la matinée tragique du 29 octobre 2020.
Si ce sont deux policiers municipaux qui avaient ouvert le feu pour neutraliser l’assaillant terroriste Brahim Aouissaoui, des policiers nationaux étaient dans la foulée entrés dans la basilique pour sécuriser les lieux. Ils avaient été confrontés à la vision macabre des corps mutilés par des coups de couteau puis à la menace d’un possible autre assaillant et de deux colis piégés.
Ils étaient alors quatorze primo intervenants de la police nationale, âgés de 24 à 45 ans, du simple gardien de la paix tout juste sorti d’école au gradé de la brigade anticriminalité. Deux ont depuis démissionné et les douze autres, toujours fonctionnaires de police, se satisfont de cette recevabilité de partie civile, même si tardive. Le syndicat Alliance a aussi été reconnu partie civile dans l’arrêt civil rendu le 16 mai.
«Opération sans fin»
«Ils sont entrés sans savoir réellement ce qu’il se passait. Pour certains, cela a été une opération sans fin», résume leur avocate, Me Émilie Farrugia. «C’est une grande victoire, un grand pas qu’ils attendaient. On reconnaît qu’ils ont exposé leur vie pour sauver la nôtre. Cela va les aider psychologiquement», poursuit-elle.
«Nous n’avions quasiment aucune information», se souvient l’un des policiers présents lors de cette intervention dans la basilique. «Ce n’est pas la normalité de pénétrer dans un lieu où il y a un terroriste. Le jour où je suis intervenu, tout était diffusé à la télé, j’ai reçu plus de 40 appels. On dort mal, ces images restent», témoigne-t-il. Le Raid est dans un second temps arrivé en renfort pour s’assurer d’aucune nouvelle menace dans la basilique.
Deux de ces policiers escorteront ensuite l’assaillant dans l’ambulance jusqu’à l’hôpital, deux autres suivront en voiture. «Personne ne savait qu’ils étaient partis avec le terroriste», souligne Me Émilie Farrugia. «Ils n’apparaissaient nulle part dans les procédures, il y a eu un loupé, les collègues ont été oubliés», explique Jean-Luc Bragato, porte-parole départemental du syndicat Alliance police nationale. «Cette reconnaissance fait partie du cursus pour se reconstruire», assure-t-il.
Lors du procès de février dernier, 31 personnes (victimes directes, proches des défunts, associations) étaient constituées parties civiles. L’assaillant Brahim Aouissaoui, de nationalité Tunisienne et désormais âgé de 26 ans, avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté incompressible. Décision dont il a fait appel : il sera rejugé du 7 au 18 décembre 2026 à la cour d’appel de Paris.