Méthodologie née au Danemark dans les années 1990, la « bibliothèque vivante » est composée de « livres » incarnés par des personnes en chair et en os, afin de déstigmatiser des sujets de société à travers des échanges sans tabou. Du 14 au 21 juin, la Quinzaine des bibliothèques vivantes a choisi pour son édition 2025 la Grande cause nationale : la santé mentale.

Des rencontres ont été organisées à Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Les Lilas, Lyon, Morlaix, Ouistreham, Paris, Rambouillet, Toulouse et aussi à l’initiative du Centre hospitalier du Rouvray, à Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen.

« Il s’agit de développer la pair-aidance (un malade rétabli devient un trait d’union entre patient et malade NDLR), d’envisager de créer une maison des usagers et de dupliquer ce dispositif au sein du CHR plusieurs fois dans l’année », explique Marie-Hélène Roux, directrice qualité et relations avec les usagers. C’est surtout une occasion pour les patients de parler de leurs maladies sans jugement.

C’est ainsi que mardi 17 juin, six « livres vivants », parmi lesquels cinq patients, ont accueilli le public à la Médiathèque Georges-Déziré. « Ce sont des personnes qui ont des histoires personnelles et ont la générosité de les partager avec d’autres qu’ils n’auraient certainement jamais croisés, explique Éva Mazur, médiatrice santé-pair qui a elle-même un long parcours psychiatrique.

« Le but, poursuit-elle, est de générer des rencontres pour déstigmatiser les troubles psychiques, car la meilleure façon de parler d’un tel sujet est d’aller vers l’autre. Là, ce sont des patients-volontaires qui ont participé à des ateliers d’écriture et d’improvisation. Avec des professionnels, ils deviennent des bibliothécaires ou des livres vivants, car tout ceci est une belle métaphore. »

« Merci de m’avoir lu(e) ! »

« Côté lecteur, c’est une autre image des troubles psychiques qui est donnée. Côté livre vivant, il ou elle se réapproprie son histoire, une façon de travailler son identité et de dépasser sa maladie », détaille Éva Mazur. Et l’expérience est garantie.

« Vous arrivez, vous êtes accueilli et découvrez les quatrièmes de couverture. Un livre vous appelle et vous allez écouter son histoire. À la fin, vous avez dix minutes pour poser des questions, pour échanger. Et, surtout, il faut rendre le livre en bon état, pas corné [rires]. Moi-même, je suis livre vivant. Avant d’aider les autres, j’avais besoin de m’aider. J’utilise mon histoire, cette expérience de folie que j’ai vécue de l’intérieur. » Et, à la fin elle conclut logiquement par un « Merci de m’avoir lu(e) » !