«Aujourd’hui, la fondation Bagatelle est en péril et je pèse mes mots», a déclaré lors d’un point presse Gabriel Marly, président de la Fondation Maison de santé protestante de Bordeaux-Bagatelle, qui emploie 1600 salariés et «soigne 1200 personnes par jour en secteur 1 sans dépassement d’honoraires».

L’hôpital Bagatelle de Talence, à côté de Bordeaux, est menacé de cessation de paiements à la suite du désengagement du ministère des Armées d’un projet de fusion avec un établissement militaire voisin, a alerté mercredi la fondation à but non lucratif qui le gère.

«Aujourd’hui, la fondation Bagatelle est en péril et je pèse mes mots», a déclaré lors d’un point presse Gabriel Marly, président de la Fondation Maison de santé protestante de Bordeaux-Bagatelle, qui emploie 1600 salariés et «soigne 1200 personnes par jour en secteur 1 sans dépassement d’honoraires». «En novembre ou décembre, la fondation sera en cessation de paiements. Notre trésorerie ne nous permettra pas de payer les salaires et, s’il en existe, le solde des entreprises qui construisent en ce moment l’hôpital», a-t-il ajouté, précisant avoir reçu deux alertes de son commissaire aux comptes.

Partenariat revu à cause du «contexte géopolitique international»

Fin 2016, Bagatelle avait signé un partenariat avec le ministère des Armées pour construire un nouvel établissement regroupant à terme, sur son site talençais, la maison de santé protestante et l’hôpital militaire Robert Picqué, situé à un kilomètre sur la commune de Villenave d’Ornon.

Pour financer ce projet baptisé BaHIA, d’un budget initial de 90 millions d’euros et d’un coût final de 140 millions, équipements compris, la fondation Bagatelle a emprunté 67 millions d’euros et l’État s’était engagé à hauteur de 24 millions sur 20 ans, a rappelé M. Marly. Or «le ministère des Armées, par surprise, est venu nous dire en juin 2023, vu le contexte géopolitique international, que le SSA (Service de santé des armées ) avait l’obligation de revoir le partenariat».

«Ce ne sera pas un hôpital public qui reprendra»

Dans le cadre de la Loi de programmation militaire 2024-2030, le SSA «recentre son action au service des blessés militaires» et Robert Picqué devient un «pôle d’excellence pour la réhabilitation physique et psychique» des soldats touchés, ce qui «conduit à opérer un retrait progressif du partenariat BaHIA», confirme le ministère des Armées dans un communiqué. Il précise avoir engagé une «médiation» avec la fondation, sous l’égide du préfet de Gironde et en partenariat avec l’Agence régionale de santé, mais qui a achoppé sur le volet financier, «malgré un effort substantiel» de sa part.

Un dédommagement de 3,5 millions d’euros, en guise de solde de tout compte, a été proposé selon M. Marly, pour qui «le compte n’y est pas». Une nouvelle conciliation a été engagée, alors que le nouvel hôpital doit être inauguré le 10 juillet.

«Le gros risque est qu’en fin d’année, on ne puisse plus payer nos salaires, les médicaments, les soins, et donc qu’on soit dans une situation de recherche de repreneurs. L’hôpital est tout neuf, moderne, ça va intéresser quelqu’un», a insisté la directrice générale, le Dr Blandine Filet. «Ce ne sera pas un hôpital public qui reprendra. Ce sera sûrement une clinique privée à but lucratif, comme ils ont tendance à se regrouper beaucoup», a prévenu M. Marly.