Voilà quatre ans que Florian Thauvin a quitté l’OM. Après 281 apparitions lors desquelles il a signé 86 buts et 61 passes décisives, l’ailier s’était envolé pour le Mexique en des termes qui n’avait guère plu au public marseillais. Ce mercredi, une interview de l’ex-numéro 26 olympien dans France Football dévoile que là-bas, il avait finalement « touché le fond ». « Puis le jour où je laisse les miens pour Udine, ç’a été très, très compliqué. Je n’arrivais pas à gérer mes émotions. À mon réveil, je vais aux toilettes, mon fils monte et je baisse la tête pour qu’il ne voie pas mes larmes. J’ai pleuré pendant presque quatre heures », confie-t-il à nos confrères.

« J’ai ma part de responsabilités »

Finalement, numéro 10 dans le dos et brassard autour du bras, Flotov a trouvé une terre de renaissance avec l’Udinese qu’il a rejointe en 2023. Plus apaisé, il revient aujourd’hui sans concession sur ses erreurs et sur la réputation qui lui a longtemps collé à la peau.

« Je suis convaincu qu’on a été trop dur avec moi. Dès le début, on s’est trompé à mon sujet avec l’épisode de Lille. Évidemment, aller au clash avec son club et ne plus s’entraîner n’est pas la meilleure solution, mais j’ai été aspiré par le système et je n’avais ni l’expérience ni les personnes autour de moi pour m’aider. Par la suite, oui, j’ai pu avoir aussi une attitude limite, mal parler, des réactions à chaud, caractérielles. Je suis très émotif. Et j’ai ma part de responsabilité. Mais on apprend de ses erreurs. Je ne me suis pas cru au-dessus des autres mais, quand je suis en désaccord, je n’ai pas ma langue dans ma poche », a-t-il lâché.

« Je me suis fait avoir, on m’a trahi »

Thauvin a tenu à régler des comptes avec ses détracteurs qui furent nombreux par le passé. Il souligne notamment son titre de champion du monde 2018 et rappelle sa mémorable saison 2017-2018 (26 buts, 18 passes avec l’OM). « Je fais partie de l’histoire du football français. Je suis dans le top 15 (13e, juste devant son ex-coéquipier Dimitri Payet) des meilleurs buteurs de l’OM. Ce n’est pas rien, même si mon grand regret est de ne pas avoir remporté de trophée avec Marseille. Je n’ai pas besoin qu’on m’aime, je veux qu’on soit juste avec moi. »

Et l’international français d’en profiter pour rappeler quelques anecdotes de ses années marseillaises, comme sa grande amitié avec Steve Mandanda. « Steve, quand il se blesse juste avant la Coupe du monde 2014 (lors de l’ultime journée de L1), c’est comme si c’était moi qui m’étais blessé. (…) C’est dur de trouver les mots. « T’as besoin de quoi, je t’apporte à manger, je vais te chercher un truc, des habits ? » On regarde un film, on se raconte des histoires, jusqu’à ce que le sommeil nous emporte. J’ai dormi sur un brancard à côté de lui, conte l’attaquant. C’est aussi ce qui m’a valu de commettre des erreurs avec mon entourage. On a profité de ma gentillesse, je me suis fait avoir et on m’a trahi. Mais sans regret car j’estime avoir agi avec le cœur. » poursuit-il sans citer de nom.

Le fou rire après le coup de pied d’Evra

Thauvin a conclu par l’un des plus marquants de ses souvenirs olympiens, le high-kick de Patrice Evra à un supporter de l’OM avant le match face à Guimaraes en Ligue Europa. « Pat’, le jour où il met son coup de pied, on était monté parler dans sa chambre avec Steve. Et Pat’ racontait : « Parfois, j’ai l’impression que le diable vient à l’intérieur de moi, j’ai des réactions bizarres. »

Donc ensuite quand il fait ce geste, avec Steve on se regarde et on se comprend. Quand on revient dans le vestiaire, on va voir Évra et, même si la situation est chaotique avec ce qu’il vient de se passer, on ne peut pas s’empêcher de partir en fou rire. « Mais Pat’, là, en fait, le diable s’est emparé de ton corps… »

Comme sa propre expérience, la renommée de Flotov est elle aussi contrastée auprès du public marseillais et même français. En tout cas, il ne laisse personne indifférent, et si c’était ça, le propre d’un joueur marquant de l’OM ?