Inauguré en 1977, le Centre Pompidou est bientôt devenu un lieu culturel incontournable de la capitale. Il fermera ses portes en septembre 2025 pour cinq ans. L’artiste Wolfgang Tillmans a reçu carte blanche pour investir l’espace de la BPI. Bien que son travail ait fait l’objet de nombreuses et larges rétrospectives à travers le monde, jamais l’espace d’exposition ne fut d’une telle ampleur. Avec pour volonté de créer un dialogue entre ce que l’on pourrait appeler « l’esprit du lieu » et ses œuvres, Tillmans a pensé une exposition sur-mesure, jouant avec les proportions, les volumes, l’architecture, le mobilier…
L’exposition « Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait » ressemble à un immense livre d’artiste ouvert. On y retrouve l’art d’exposer de Tillmans, qui conçoit des ensembles de pièces à partir d’images disparates – mélangeant les sujets, les genres et les époques. En faisant se confronter des images issues de ses premières années de création jusqu’à aujourd’hui, Tillmans réfléchit le temps présent. Aurions-nous pu prévoir de quoi le monde serait fait en 2025 ?
Vue de l’exposition au BPI au Centre Pompidou – © Jens Ziehe
C’est à l’invitation du Centre Pompidou que Wolfgang Tillmans a investi la BPI, un lieu particulier dans lequel durant quasiment cinquante ans se sont croisés les étudiants, les lecteurs, des personnes venues trouver un peu de tranquillité, ou se réchauffer l’hiver. L’artiste a été attentif à ce que cette exposition ne soit un geste consistant à remplacer la BPI par l’art. « Il y a eu un processus de mise en confiance. Au départ les responsables de la bibliothèques se sont demandées pourquoi il devrait y avoir une exposition artistique dans ce lieu. Mais petit à petit, ils et elles ont compris que j’aimais les livres et j’aimais aussi l’idée de travailler sur une bibliothèque. A partir de là, un dialogue s’est mis en place. Ils m’ont laissé des tables, des présentoirs, des cabines, que j’ai intégré à mon exposition […] On a recyclé ce qui existait déjà et ça a donné lieu à quelque chose de tout à fait nouveau. Je crois que les gens auront l’impression que ça a toujours été comme cela. »
Une exposition d’un type particulier donc, qui est selon l’artiste un laboratoire de la scénographie de demain : « C’est tombé sur moi parce que, je crois, l’idée était de réfléchir à l’art et la manière d’exposer des œuvres à l’avenir ».
Intitulée « Rien ne nous y préparait – tout nous y préparait » l’exposition de Tillmans interroge l’époque. « Son point de départ c’est le maintenant et comment nous en sommes arrivés là où nous sommes. » Etait-il possible, hier, de savoir à quoi ressemblerait l’aujourd’hui ? Il raconte : « Lorsque j’ai travaillé sur l’exposition j’ai choisis par exemple des photographies que j’avais prises en 2005 de l’armée russe à Moscou, ou de la frontière américano-mexicaine. Je les ai choisi parce que ce sont des images dans lesquelles j’avais laissé filtrer déjà une perception, quelque chose que j’appréhendais. »
Plus d’informations
- Rien ne nous y préparait – Tout nous y préparait : 13 juin – 22 septembre 2025 Centre Pompidou | Bibliothèque publique d’information |Niveau 2
Extraits sonores
- L’architecte Renzo Piano dans A voix nue sur France Culture en 2024
- Le politiste Maxime Forest dans Questions du soir sur France Culture en 2024
- La chanson de fin : « Growing » de Wolfgang Tillmans