Son travail de photojournaliste était publié dans la presse nationale, dans les pages de l’Humanité ou encore de Télérama. Et ses clichés d’auteur étaient exposés, notamment en Touraine, à la galerie La Laverie, à La Riche, en 2020, ou encore à celle du Passage à Saint-Pierre-des-Corps, en 2019. Guillaume Le Baube, photographe né et installé à Tours, est décédé le 1er avril 2025, à l’âge de 43 ans.

« Son travail photographique reflétait une grande sensibilité, oscillant entre une maîtrise technique impressionnante et des rendus d’une froideur marquante. Mais aussi des images d’une délicatesse extrême, réalisées au sténopé », souligne Mustapha Azeroual, photographe et « camarade » de Guillaume Le Baube. Accompagnés d’un autre passionné de l’image, Antoine Dumont, ils avaient cofondé le collectif Atelier 22. Outre le professionnel, c’est aussi « une personne profondément engagée, un ami solide, toujours présent, sur qui on pouvait compter », que Mustapha Azeroual décrit.

Un jeune migrant se retrouve entre les deux barrières séparant la « Jungle » de la route menant au port Ferry. Les policiers ont repoussé les migrants qui tentaient de monter dans les camions se rendant en Angleterre. Série Dougar, à Calais, entre 2015 et 2016.

Un jeune migrant se retrouve entre les deux barrières séparant la « Jungle » de la route menant au port Ferry. Les policiers ont repoussé les migrants qui tentaient de monter dans les camions se rendant en Angleterre. Série Dougar, à Calais, entre 2015 et 2016.
© (Guillaume Le Baube / Divergence-Images)

« Il était extrêmement exigeant et précis, témoigne Frédéric Froument, photographe professionnel basé à Saint-Pierre-des-Corps, avec qui il avait travaillé et exposé. C’était quelqu’un de curieux et de cultivé. Il aimait faire des recherches, repousser ses limites, pour ne pas rester uniquement dans le monde du photojournalisme. »

En 2024, Guillaume Le Baube avait notamment troqué le boîtier numérique pour un sténopé, un appareil photo rudimentaire, et réalisé une série de photos en Turquie. Dans ces images, à retrouver sur son compte Instagram, la netteté clinique du digital laisse place au flou poétique de l’argentique, renvoyant aux prémices de la photographie.

« Nox est une série photographique au long cours. Depuis quelques années, j’explore les non-lieux urbains qui jalonnent l’espace public comme des paysages à l’identité incertaine, à la recherche de symboles de ces territoires profondément fonctionnels et déshumanisés », décrivait Guillaume Le Baube.

« Nox est une série photographique au long cours. Depuis quelques années, j’explore les non-lieux urbains qui jalonnent l’espace public comme des paysages à l’identité incertaine, à la recherche de symboles de ces territoires profondément fonctionnels et déshumanisés », décrivait Guillaume Le Baube.
© (Photo Guillaume Le Baube/Divergence-Images)

« C’était un artiste complet », estime Laurence Lefèvre, qui avait eu l’occasion d’exposer son travail à La Laverie, à La Riche, à deux reprises. Lors d’une exposition collective, avec deux autres photographes, « Dehors-dedans », autour du thème du confinement, en plein Covid, en 2020. Et l’année précédente, seul, sur sa série de paysages nocturnes en clair-obscur, « Nox ». « Il était féru de littérature, de poésie. » Ce qui selon elle se ressentait dans son travail. « Il avait une capacité à susurrer des images », résume Laurence Lefèvre.

Guillaume Le Baube était par ailleurs très engagé au sein de l’association de photographes Divergence-Images, qui compte 145 professionnels en France et à l’étranger, et qui aide à diffuser leur travail auprès de la presse. « C’était un membre moteur, très investi dans la défense de la profession », souligne Yoan Jäger, photographe tourangeau et ami.

Selon Frédéric Froument, son confrère photographe dont l’atelier est installé à la Morinerie, à Saint-Pierre-des-Corps, « il y a eu comme un silence notable, lorsqu’on a appris le décès de Guillaume » dans l’enceinte de ce bâtiment où de nombreux artistes, connaissances du défunt pour certains, sont installés.

Peut-être était-ce pour entendre Guillaume Le Baube murmurer ses images une dernière fois ?