Par

Nicolas Zaugra

Publié le

18 juin 2025 à 17h53

C’est l’un des sujets les plus discutés par les Lyonnais ces derniers mois : l’installation de l’œuvre éphémère « Tissages urbains » sur la place Bellecour de Lyon. La promesse de végétalisation de la place dans le cadre d’un vote du budget participatif s’est transformée en œuvre géante faisant de l’ombre sur l’immense place historique du 2e arrondissement. Encore en cours d’installation jusqu’à début juillet 2025, les structures de bois et de toiles géantes font grandement réagir. Des critiques négatives fusent aussi et deviennent politiques de la part de l’opposition municipale. 
L’artiste et l’architecte à l’origine de l’installation expliquent à actu Lyon leur démarche et répondent aux critiques et remarques. 

« C’est logique que ça fasse réagir », selon l’architecte

Pour l’architecte Tristan Israel, qui signe là son plus grand projet sur un espace public dans la ville, « c’est logique que ça fasse réagir ». Même s’il se dit « pas indifférent » aux remarques les plus dures, il estime que c’est une bonne chose que l’œuvre Tissages urbains soit aussi critiquée.

« Le terme critique, je le prends très bien car elles peuvent être positives et négatives, on a énormément échangé avec la préfecture, la mairie, la police, je trouve ça sain, ça veut dire qu’il y a encore un débat démocratique », estime-t-il. 

Des passants en-dessous d'une partie de l'œuvre Tissages urbains place Bellecour.
Des passants en dessous d’une partie de l’œuvre Tissages urbains place Bellecour. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)« On savait dans quoi on mettait les pieds »

L’artiste qui a imaginé cet enchaînement de toiles de couleurs posées sur des trépieds en bois géants abonde. « On sait que réfléchir à un geste sur la place Bellecour ce n’est pas anodin, j’ai grandi à Lyon et je sais que cette place appartient à chacun. »

Il poursuit : « On savait dans quoi on mettait les pieds. Quand on fait de l’art dans l’espace public, on questionne des choses et chacun peut donner son ressenti. On ne pouvait pas créer une œuvre similaire à une autre ville que Lyon. On a créé quelque chose d’unique et singulier. »

Tout le monde peut donner son avis, nous avons toujours cherché à respecter les équilibres en essayant de nous fondre dans l’endroit où nous trouvons avec le choix des couleurs, sur le peu de matériaux utilisés. Il faut un équilibre en créant le débat et la curiosité, en accompagnant les gens.

Romain Froquet, artiste

« Il n’y a pas eu de tags, de dégradations, les gens utilisent l’œuvre »

L’architecte est désormais formel : l’utilisation de l’œuvre par les Lyonnais est une « réussite ». « On ne peut pas répondre sur le côté subjectif. Certains peuvent ne pas aimer. Il y a une réponse fonctionnelle, on estime qu’elle est réussie avec des gens qui discutent, qui mangent sur place. »

« La place est vivante. On l’a livré en période de manifestations (1er mai, motards…), il n’y a pas eu le moindre tag, la moindre dégradation, on ne se retourne pas contre l’œuvre. Les usages, ça fonctionne. »

Un geste artistique expliqué par l’artiste

Romain Froquet explique d’où est venue l’idée : pour lui, Tissages urbains est à regarder depuis le ciel comme une toile de peinture. Les toiles bleues, vertes, orange ou jaunes représentent des coups de pinceau. « J’ai imaginé la place Bellecour en toile de peinture géante », dit-il. 

Les toiles sont aussi un hommage à la soierie lyonnaise. 

L'installation de l'œuvre est toujours en cours jusqu'à début juillet.
L’installation de l’œuvre est toujours en cours jusqu’à début juillet. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)Des brumisateurs, de l’éclairage et des stands de nourriture

Des brumisateurs seront aussi installés sur les structures de l’œuvre avec les toiles bleues qui pourront être activés l’été en appuyant sur un bouton.

L’éclairage sera aussi spécifique et l’œuvre sera intégrée spécialement à la Fête des lumières 2025 avec une mise en lumière événement en cours d’imagination. La Ville a aussi prévu d’installer des kiosques de boissons et de nourriture sous l’œuvre les week-ends cet été. 

« Cette œuvre doit vivre avec la place, le 14 juillet, la grande roue l’hiver. On a proposé aux associations de quartier de s’en emparer. On peut imaginer des manifestations, des repas, de la danse en dessous des toiles », s’enflamme l’architecte. 

Les Lyonnais vont-ils adopter cette œuvre qui doit rester cinq ans ? « Elle appartiendra aux Lyonnais une fois terminée. Et sera mobile et pourra être utilisée par morceaux ailleurs dans la métropole », termine l’artiste.

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