Lors du salon international d’aéronautique et de l’espace (SIAE) qui se tient cette semaine au Bourget, le ministère des Armées a annoncé le renforcement de la coopération en matière d’armement avec la Suède. Cela concerne notamment le segment des avions de guet aérien AEW&C. Paris a signé une lettre d’intention avec Saab pour l’achat de deux avions GolbalEye plus deux autres en option, la commande devant être finalisée dans les mois qui viennent. Il s’agit de remplacer les quatre vénérables E-3F AWACS de l’armée de l’Air et de l’Espace, qui offrent des capacités de surveillance et de contrôle aérien indispensables aux armées françaises, y compris aux forces navales.
Mercredi 18 juin, au salon du Bourget, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu et le ministre de la défense du Royaume de Suède, Pål Jonson, ont signé une feuille de route visant à renforcer la coopération des deux pays en matière d’armement. Une des premières mesures concrètes de cette coopération est la signature d’une lettre d’intention pour l’achat par la France du système GlobalEye du groupe suédois Saab. « La déclaration d’intention conjointe, signée aujourd’hui au Salon du Bourget, inclut l’intention de la DGA d’acquérir deux avions GlobalEye. Elle prévoit également pour la DGA une option d’achat de deux aéronefs supplémentaires. Une procédure de notification définitive pour achever la passation de marché va suivre », indique l’industriel scandinave. La fourniture des avions doit s’accompagner de l’équipement nécessaire au sol, de la formation du personnel et du soutien. Aucun contrat n’a encore été signé rappelle Saab, alors que la décision finale pourrait tomber dans quelques mois. «Nous saluons l’annonce faite aujourd’hui par la France de son intention d’acquérir GlobalEye, qui permettra d’améliorer la connaissance de la situation et la détection des menaces des Forces armées françaises dans les domaines aérien, terrestre et maritime. Notre solution permettra à la France de conserver un contrôle souverain de ses capacités aériennes d’alerte avancée et de contrôle», a déclaré dans un communiqué Micael Johansson, le président de Saab.
Dans le même temps, Saab a signé un accord-cadre avec la société française Sabena Technics, spécialiste des services de maintenance et de modifications aéronautiques. Saab indique que ce partenariat à long terme doit permettre l’intervention et la modification du GlobalEye par Sabena afin de répondre aux exigences spécifiques de la France. L’industriel français pourrait ainsi assurer le soutien des GlobalEye, voir une partie de la transformation de la cellule des jets d’affaires en plateforme GlobalEye.
Le GlobalEye de Saab.
Le GlobalEye est un avion d’alerte aérienne avancée et de contrôle AEW&C de dernière génération qui combine des capteurs actifs et passifs lui permettant une surveillance multi-domaines aussi bien dans le segment aérien que terrestre et maritime. Il est reconnaissable à son radar Erieye ER (Extended Range) de type AESA disposé longitudinalement dans une nacelle sur le dos de l’appareil. La plateforme à partir de laquelle ce système a été développé est le jet d’affaires canadien Bombardier Global 6000/6500. « Le système GlobalEye de Saab constitue une nouvelle capacité aéroportée de surveillance, de contrôle aérien et de commandement et de conduite (C2) des opérations aériennes. Il est en capacité d’opérer en environnement dégradé/contesté, dans un cadre multinational et interalliés. Il permet de répondre très rapidement aux besoins opérationnels de l’armée de l’Air et de l’Espace sans occasionner de rupture capacitaire », souligne le ministère français des Armées.
L’objectif affiché est le remplacement des quatre Boeing E-3F Sentry de l’armée de l’Air et de l’Espace, en service depuis 1991 et constamment modernisés, sans rupture de charge capacitaire. Officiellement appelés E-3F SDCA (système de détection et de commandement aéroporté), ce sont les fameux AWACS (Airborne Warning and Control System) de la 36ème escadre de commandement et de conduite aéroportés basée à Avord, dans le département du Cher. Des appareils extrêmement précieux pour garantir une surveillance souveraine de l’espace aérien et du champ de bataille grâce à un imposant radar tournant intégré dans une coupole dorsale abritant deux antennes (AN/APY-2 et AN/UPX-40), ainsi que de nombreux autres capteurs répartis sur l’appareil.
L’E-3F SDCA ou AWACS de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Au-delà des forces aériennes et terrestres, les avions d’alerte avancée sont également très précieux pour les forces navales. Ainsi, la Marine nationale travaille en permanence avec les AWACS de l’armée de l’Air et de l’Espace. Grâce aux liaisons de données tactiques (L16, L22), les E-3F peuvent partager avec les bâtiments de surface, frégates et porte-avions notamment, la situation aérienne tactique dans une zone étendue. Des informations qui enrichissent celles obtenues grâce aux capteurs des navires ou encore des avions de guet aérien E-2C Hawkeye de l’aéronautique navale qui embarquent sur le Charles de Gaulle.
Depuis plusieurs années la France et la Suède renforcent leurs liens en matière de défense. C’est le cas dans le domaine terrestre avec par exemple la commande par la Suède d’obus de KNDS France, et inversement de roquettes AT4F2 de la division Dynamics de Saab par la France. D’ailleurs, en plus de la lettre d’intention pour les GlobalEye, la France et la Suède ont signé un contrat pour l’acquisition par cette dernière du missile moyenne portée (MMP) Akeron MP de MBDA. D’autres coopérations et contrats pourraient voir le jour, en particulier dans le domaine naval avec la frégate FDI de Naval Group, officiellement candidate pour le programme des futurs bâtiments de combat suédois.
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