DÉCRYPTAGE – Le match 2 des finales du championnat de France de basket a tourné à la correction mardi, à l’Adidas Arena, avec la victoire éclatante de Paris sur Monaco.

COUPS DE CŒUR

TJ Shorts, un géant

À la question de savoir s’il peut se sentir inarrêtable dans un soir comme mardi, TJ Shorts répond ceci : «Par moments, oui». On ne peut pas le blâmer… Du haut de son mètre 75, le meneur américain du Paris Basketball est apparu trois têtes au-dessus de tout le monde lors de la démonstration face à Monaco (92-67). Les chiffres ? 28 points à 10/13 aux tirs, 2/4 à longue distance, 6/6 aux lancers, cinq passes décisives, trois rebonds et aucune perte de balle. Le tout en à peine plus de 22 minutes. Et ce avec Alpha Diallo et Terry Tarpey sur le dos. «Quand vous êtes dans la zone comme ça, vous avez le sentiment que la défense aura tort, quoi qu’elle fasse. Que ça rentre ou pas, il faut juste que je pense au tir d’après. Parfois, vous mettez plus de tirs, parfois moins, là c’était un bon jour. Quand vous êtes dans ce rythme, cette dynamique, vous avez le sentiment que tout va rentrer», a-t-il analysé. Géant.

Paris en état de grâce

Le match de mardi offre une synthèse du jeu parisien. Une défense étouffante, de l’adresse à foison (15/27 à 3 points après le 0/9 initial) et un tempo infernal, avec Nadir Hifi en accélérateur de particules, et des «runs» dévastateurs. Monaco a littéralement explosé face à ce cocktail détonnant, le même qui a permis aux Parisiens de briller en Euroligue (quarts de finale) et de remporter la Coupe de France. «L’équipe était concentrée, elle a suivi le plan de jeu, des individualités ont fait de bons matchs, comme ce garçon qui est assis à côté de moi (TJ Shorts, NDLR), mais d’autres aussi, l’équipe a été bien au rebond, on a mieux shooté en seconde période… Beaucoup de contributions de beaucoup de gars pour gagner ce match», a déclaré Tiago Splitter en conférence de presse. Tout bon. Paris a compté jusqu’à 31 points d’écart (76-45) en seconde période. Une démonstration de force.

Une magnifique dernière ?

Et si c’était la dernière de la saison à l’Adidas Arena ? Le cas échéant, cela voudrait dire que le Paris Basketball sera sacré champion de France pour la première fois de son histoire à Monaco, vendredi lors du match 3 ou dimanche, lors d’un potentiel match 4. Sans quoi, les deux équipes se retrouveraient mardi prochain, dans la salle de la Porte de la Chapelle, pour une belle. Toujours est-il que les Parisiens ont mis les petits plats dans les grands sur le parquet, on l’a dit. Dans les tribunes, le Kop Parisii a fait le sien. Jusqu’à l’explosion sur le dunk à deux mains de Mikael Jantunen. Tableau idéal pour une tournée d’adieu anticipée. Ce n’est en effet pas juste l’éventuel dernier match de la saison à Paris, mais aussi le dernier pour Tiago Splitter et de nombreux cadres annoncés partants, TJ Shorts et d’autres.

«C’est dur de penser à cela dans une série comme ça. Le but est de gagner la série, le titre. Pas de secret, c’est possible que ce soit le dernier match mais je suis concentré sur le titre, je fais en sorte de ne pas écouter ce genre d’émotion du coup», a indiqué le probable futur joueur du Panathinaikos, ne manquant d’ailleurs pas de souligner que le PBB «n’a encore rien fait, on n’a fait que notre travail en gagnant les matchs à la maison. Ce sera le match le plus dur de la saison à Monaco vendredi. On a confiance en nous, dans le plan de jeu et ce qu’on a fait toute la saison. On ira là-bas avec le maximum de concentration et d’effort, et j’espère qu’on repartira avec le trophée». Chiche ?

COUPS DE GRIFFE

La médiocrité monégasque

Trois classes d’écart. Mardi, on a vu une grande équipe de Paris et une toute petite équipe monégasque, dépassée dans tous les domaines, tous les secteurs, malheureuse quand elle sortait la tête de l’eau. Rien à sauver. En l’absence du patron, Mike James, entre suspension et blessure, les tauliers potentiels ont pris le bouillon. «Félicitations à Paris. J’aurais aimé qu’on fasse ce qu’ils ont fait, qu’on réagisse, mais on ne l’a pas fait. Ils ont mieux joué et mérité de gagner», a indiqué Vassilis Spanoulis mardi, assurant que la Roca Team doit «redevenir une équipe normale, on n’avait pas l’air d’une équipe normale, on était très en dessous de nos standards, très en dessous». Indigne d’un vice-champion d’Europe, même si les soucis extra-sportifs de l’ASM expliquent sans doute au moins en partie la bouillie proposée mardi soir.

C’est dans les têtes

Si vous demandez à Spanoulis, l’explication est toute trouvée. «Ce qui doit changer ? La mentalité, l’attitude. On se plaint trop. Il y a de la frustration. On ne s’est pas assez battus pour une finale. Ils ont plus combattu que nous dans tous les domaines. Et quand on joue bien, on ne rentre pas les tirs», a grogné l’ancienne légende grecque, affirmant que «toute la responsabilité est pour (lui)». Nul doute qu’il trouvera quelques autres coupables dans les heures à venir. «Je trouverai un moyen pour qu’on se batte, avec les joueurs qui sont prêts à se battre. Si on joue comme ça sur les deux premiers matchs, il faut des changements… C’est l’évidence», grince-t-il. Symbole de ce manque de combativité, les rebonds : 47 à 29 pour Paris. À défaut de retrouver Mike James, l’ASM doit retrouver un mental pour au moins prolonger la série.

James, un absent si présent

Mais où est donc Mike James ? Si personne ne doute de la véracité de sa blessure, le meneur US a aussi et surtout été suspendu par son club. Une chose est sûre : James n’était pas avec ses camarades à Paris. Est-il encore physiquement à Monaco ? Un souci, pas le seul, dans une fin de saison pour le moins mouvementée sur le Rocher. «Ça affecte forcément l’équipe. On ne peut pas y penser maintenant. En tant que coach, je dois penser au jeu. Mais évidemment, notre mentalité n’est pas la même, on ne joue pas le même basket que celui qu’on a joué depuis six mois que je suis là ou au Final Four, un jeu qui a fait que tout le monde admirait cette équipe. Ce n’est en tout cas pas le moment de penser à tout cela. Il ne faut penser qu’à trouver un moyen de faire un bon match vendredi», juge Spanoulis. Plus facile à dire qu’à faire ?