C’est sur le site de l’ancien bâtiment de l’Insee, entièrement rasé, que la première pierre symbolique du projet Canopia a été posée ce vendredi. Après sept mois de travaux de déconstruction qui ont modifié l’aspect de tout le quartier, le chantier va en effet démarrer dans les tout prochains jours.

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Le projet Canopia consiste en la création d’un « quartier piéton », avec le percement d’un « méridien » central de 600 mètres de long entre la gare de Bordeaux et la Garonne. Sur les 70.000 m2 qui seront aménagés, il est prévu, entre autres, 30.000 m2 de commerces – avec 140 boutiques – et 6.500 m2 de logements. Sur le périmètre total de quatre hectares sur lequel il va s’implanter, il ne reste aujourd’hui plus grand-chose. Les bâtiments compris entre la rue de Tauzia, la rue de Saget et une partie du quai de Paludate ont été pour la plupart démolis.

« Le démonstrateur de la manière de reconstruire la ville sur elle-même »

Mais la particularité de Canopia repose sur la volonté de conserver un maximum de façades en pierre existante. C’est ainsi que « 2.500 m2 d’entre elles seront conservées, dont la moitié ont été déposées pierre par pierre, numérotées, et seront reposées pierre par pierre lors de la reconstruction », explique Simon Brouck, directeur du projet Canopia. « C’est sans précédent » assure Maurice Bansay, le PDG du promoteur de l’opération, Apsys. L’autre moitié a pu être maintenue en place grâce à un système de contreforts, qui permettent de soutenir la façade et de détruire le reste du bâtiment. « 95 % des matériaux de déconstruction seront revalorisés » ajoute Maurice Bansay.

« Ce projet est considéré par les professionnels comme l’une des plus belles opérations de requalification urbaine en France, poursuit le PDG d’Apsys. C’est le démonstrateur parfait de la manière de reconstruire la ville sur elle-même. » Tout n’a toutefois pas pu être conservé, loin de là. Certains bâtiments ne représentaient pas, aux yeux du promoteur et de l’architecte Edouard François, d’intérêt particulier pour ce projet. « Ensuite, cela se décide en fonction de la qualité des façades et de la massivité des pierres – on ne peut pas réutiliser du parement en pierre » précise Simon Brouck.

« Réinterprétation contemporaine des façades »

La majeure partie du projet sera ainsi réalisée avec de la pierre neuve. La ligne de Canopia sera toutefois le « respect des codes architecturaux et des gabarits bordelais » insiste Maurice Bansay. « L’objectif est d’avoir une réinterprétation contemporaine de ces façades avec une architecture qui conserve la pierre blonde de Bordeaux, poursuit-il. Et l’ambition est de travailler au maximum avec de la pierre locale. »

C’était en effet un des souhaits d’Alain Juppé, le projet ayant été lancé il y a maintenant une dizaine d’années, lorsque l’ex-Premier ministre, présent ce vendredi, était encore maire de Bordeaux.

Alain Juppé, ici avec l'architecte du projet Edouard François, était présent pour le lancement officiel du chantier.Alain Juppé, ici avec l’architecte du projet Edouard François, était présent pour le lancement officiel du chantier. - Mickaël Bosredon

Mais le maire aujourd’hui aux affaires, c’est Pierre Hurmic. Et l’écologiste avait plusieurs fois critiqué ce projet, annonçant même durant la campagne des municipales de 2020 qu’il le stopperait s’il était élu. « Quand je suis arrivé [à la tête de la mairie], le coup était déjà largement parti, mon souci a donc été qu’il soit le plus en phase avec les orientations de la nouvelle majorité municipale, explique-t-il aujourd’hui. Nous avons réussi, autant que faire se peut, à l’amender, pour qu’il soit exemplaire en matière d’intégration d’énergies renouvelables et de modes de déplacement doux, poursuit le maire. Nous sommes aussi passés de 1.000 m² à 2.000 m² de commerces dédiés à l’économie sociale et solidaire. »

Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, ici avec le PDG d'Apsys Maurice Bansay (à gauche), se dit satisfait des amendements obtenus au projet Canopia.Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic, ici avec le PDG d’Apsys Maurice Bansay (à gauche), se dit satisfait des amendements obtenus au projet Canopia. - Mickaël Bosredon« Ne pas cannibaliser le commerce de centre-ville »

L’élu insiste sur la création d’un « comité d’enseignes », une structure « innovante », « que nous avons obtenu dès 2020, pour éviter à tout prix que cette rue commerçante cannibalise les commerces traditionnels qui font vivre le centre-ville de Bordeaux. »

Pierre Hurmic rappelle en effet que « nous avons un commerce qui traverse un moment difficile, comme dans d’autres villes en France. Ce n’est pas le moment de le fragiliser avec une offre commerciale concurrente. Nous discuterons donc ensemble des enseignes qui seront accueillies à Canopia, même si le dernier mot reviendra au propriétaire. » Un propriétaire, Apsys, qui investit dans cette opération quelque 500 millions d’euros, et qui aura donc nécessairement besoin d’un espace commercial rentable.