Par
Cédric Nithard
Publié le
19 juin 2025 à 8h14
Philippe Saurel n’a pas dit son dernier mot. Si sa réflexion quant à se présenter aux élections municipales fait son chemin, l’ancien maire de Montpellier se prépare. Dans cette optique, sans y avoir adhéré, il a accepté d’être chef de file du parti UTILES dans l’Hérault et à Montpellier. Explication avec le principal intéressé qui concède faire un pas vers les municipales. Mais dans quel sens ?
Chef de file
« La vie offre des rebondissements » s’amuse Philippe Saurel. Ceux qui l’avaient cru enterré après son échec en 2020, ou qui ne suivent pas régulièrement les conseils municipaux et métropolitains où il retrouve depuis plusieurs mois une certaine vigueur, seront sans doute étonnés. Et pourtant, s’il y a un domaine où il ne faut jurer de rien, c’est bien la politique. L’ancien maire de Montpellier le sait plus que personne. Quand, écarté du PS, beaucoup pronostiquaient sa défaite écrasante en 2014, il est sorti des municipales avec une glorieuse victoire. Alors même si elle n’a pas été confirmée par une réélection, pourquoi ne pas tenter l’aventure cette fois sous la forme transpartisane ?
Le 14 juin dernier, le parti UTILES, émanation du groupe parlementaire LIOT créée en avril 2023 sous forme d’association, organisait à Paris une convention sur les villes de demain à laquelle Philippe Saurel a été invité à développer son analyse exposée dans son livre Réparer la République. Un ouvrage qui, dix ans après sa sortie, mérite d’être relu et pourquoi pas mis à jour au vu des événements déroulés ces dernières années. Une convention qui a également été l’occasion pour le parti, présidé par Bertrand Pancher, de préparer les élections municipales et désigner des chefs de file dans différentes villes afin de le représenter. Ce qui a été proposé à Philippe Saurel qui précise : « Je ne suis adhérent à rien. Je suis en dehors de toute adhésion et de tout parti politique ».
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« Ce sont des mots qui me parlent »
Alors lui qui revendique justement être sorti des partis, qu’est ce qui lui a plu chez ces personnalités regroupées sous les termes Ultra-marins, Territoires, Indépendants, Liberté, Écologie et Solidarité ? « Ce sont des mots qui me parlent. C’est un mouvement très permissif puisqu’il a des personnes de différentes sensibilités ». Ainsi, comme on a pu le voir à plusieurs reprises à l’Assemblée nationale, le groupe LIOT semble échapper à la logique des partis. «Et il a une autre qualité extraordinaire avec Charles de Courson, c’est la volonté de restaurer des finances saines au niveau de l’État dont il est d’ailleurs chargé en tant que rapporteur général de la commission des finances à l’Assemblée nationale ». Une question financière qui n’est pas étrangère à Philippe Saurel en contradiction sur ce point avec Michaël Delafosse quant à l’usage de la dette par les collectivités.
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Autant d’atouts chez UTILES qui ferait replonger Philippe Saurel dans un parti ? « Être dans une structure transpartisane pourquoi pas, pour l’instant ce n’est pas le cas. Mais ce que propose UTILES va dans ce sens plus qu’un parti dogmatique. Revenir dans un parti oui mais sans parti pris (rires). Vous voyez bien que ce n’est pas possible. Les partis développent des idées qui sont quelques fois contraires à l’intérêt du peuple. Cela ne m’intéresse pas ». Reste que, si l’aventure sans le PS a été victorieuse, les expériences aux régionales 2015 et aux législatives 2022, sans faire de campagnes onéreuses, auraient pu lui coûter cher avec la difficulté à trouver une banque qui accepte de lui faire un prêt en l’absence d’une structure politique derrière en soutien. « Cela veut dire aussi que la politique n’est pas ouverte à tout le monde », observe-t-il.
« Un joli mot pour faire de la politique »
Que personne ne s’emballe encore toutefois. Chef de file ne veut néanmoins pas dire tête de liste. « Les discussions pour les municipales ne sont pas encore enclenchées. Il faut d’abord que je décide d’être candidat. J’en parlerai quand je reviendrai de Grèce fin septembre », rappelle-t-il. Pour l’heure, son rôle sera donc de fonder avant juillet un comité UTILES dans l’Hérault et Montpellier. « Cela m’intéresse car c’est un mouvement transpartisan, qui regroupe tous les territoires de la République même les plus éloignés » et de préciser « Je ne le fais pas pour que les gens me rejoignent. C’est un mouvement intéressant surtout dans une période assez troublée. C’est un mouvement pragmatique qui s’attache aux territoires et portent les valeurs énoncées dans son nom. Et je trouve que « utile » est un joli mot pour faire de la politique ».
Un mot dont il confie avoir posé son intérêt avec la création de l’association par le groupe parlementaire LIOT : « Je trouvais que c’était bien de remettre ce terme au coeur de la politique. Quand on se tourne à gauche ou à droite, on voit beaucoup de choses que les citoyens détestent. Je soigne 25 personnes par jour depuis bientôt six ans, j’écoute ce que les gens disent. Ils en sont aujourd’hui à atteindre leur poste de télévision. Peut-être faut-il revenir à ce que François Hollande avait nommé le socialisme municipal ? C’est à dire le pragmatisme, ce que finalement nous avons fait en 2014 quand nous avons été élus en dehors des partis politiques, juste pour les citoyens ». Sans dire qu’il milite pour lui-même, Philippe Saurel entend « faire exister le groupe UTILES et cette façon de penser au niveau héraultais. Pour l’instant et pas plus loin. UTILES une petite porte différente ».
Une porte qui permettrait en faisant un pas pour la franchir de se diriger vers les municipales ? « Oui », glisse-t-il dans un grand éclat de rire conscient de sauver le titre de cet article. « La vie offre des rebondissements », nous disait -il. Ces municipales aussi.
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