Lors du Salon du Bourget, l’un des principaux salons aéronautiques du monde, que le géant de la défense allemand Rheinmetall a annoncé une nouvelle alliance avec la plus grosse start-up américaine de l’industrie de la défense, Anduril. Il s’agit de fabriquer des drones de combat et des missiles. Déjà, en mai 2025, Rheinmetall avait annoncé un partenariat industriel et stratégique avec l’américain Lockheed Martin, pour construire en Allemagne une usine de roquettes et de missiles, avec la technologie d’outre-Atlantique.
C’est un signe de plus que l’Europe de la défense va rester un combat, parce qu’il y avait des solutions européennes pour ces accords et que ce sont des Américains qui ont été choisis. L’Allemagne est, sur le plan stratégique, alignée sur l’Amérique depuis des décennies.
Les États-Unis plutôt que l’Europe
L’Allemagne est largement équipée de militaires américains, à commencer par les avions F-35. Il y a des milliers de soldats américains stationnés en Allemagne. Aujourd’hui, l’industrie de la défense outre-Rhin connaît un puissant renouveau. Parce que la situation géopolitique a changé, avec la menace russe, et que le gouvernement va dégager des dizaines de milliards d’euros de crédits pour s’équiper. En plus, le pays connaît une crise grave pour son industrie traditionnelle, la chimie et l’automobile. Il est donc désireux d’investir les secteurs dans lesquels il n’était pas ou peu présent comme la défense.
Si vous associez renouveau industriel et tropisme américain, ça donne des accords avec les États-Unis. C’est ce qu’on commence à observer, dans le sillage de la rencontre entre le chancelier Merz et Donald Trump, en juin 2025. Inutile de dire que pour les Américains, ces partenariats sont une aubaine pour se développer sur le marché militaire européen, qui est en plein essor.
Des concurrents puissants pour l’armement français ?
Il y aura des concurrents, oui, mais pas sur tous les marchés. En matière d’avions de chasse, les Français de Dassault ont une avance considérable. Idem pour les sous-marins, notre autre spécialité avec Naval Group, ou l’électronique et le spatial, avec Thalès.
Sur le militaire terrestre, c’est vrai. D’ailleurs, notre champion, KNDS, anciennement Nexter, est déjà franco-allemand, puisque l’État français et une famille d’industriels d’outre-Rhin sont déjà associés à 50/50 au capital.
Pour l’Europe de la Défense, il y a deux sujets différents. La coordination opérationnelle des moyens militaires d’un côté et de l’autre l’industrie. On note pour celle-ci le lancement de programmes européens pour le char ou l’avion de combat de demain. Ces programmes, théoriquement lancés, patinent, à cause des rivalités habituelles entre les états et les industriels. C’est l’Europe ! Dans les deux cas, ce sont des chantiers titanesques, qui prendront le temps d’une génération.
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