Un nouveau type d’asile politique, version labo ? C’est en tout cas l’appel lancé ce vendredi par François Hollande et Éric Berton, président de l’université d’Aix-Marseille, dans une tribune publiée ce vendredi par Libération. Les deux hommes plaident pour la mise en place d’un statut de « réfugié scientifique », pour accueillir en France (et en Europe) les chercheurs américains contraints à l’exil sous la pression de l’administration Trump « 2.0 ».

Depuis son retour à la Maison-Blanche, l’ancien président a intensifié sa politique hostile envers le monde de la recherche : censure, coupes budgétaires massives, licenciements abusifs. Résultat : plus de 75 % des chercheurs américains envisageraient aujourd’hui de quitter le pays selon une enquête de la revue scientifique Nature.

« Safe place for science »

Pour répondre à cette situation, l’université d’Aix-Marseille a lancé en mars un programme d’accueil baptisé « Safe Place for Science » (un lieu sûr pour la science en bon français). En moins d’un mois, près de 300 candidatures ont afflué, souvent accompagnées de récits inquiétants transmis via des messageries cryptées.

« Certains témoignages sont glaçants », alertent les auteurs de la tribune. Ils évoquent une atmosphère de surveillance et de pression idéologique, qui pousse des scientifiques à envisager l’exil comme seul recours.

« Déjà un impact considérable sur la recherche mondiale »

Face à ces dérives inquiétantes, Hollande et Berton plaident pour la création d’un statut spécifique de réfugié scientifique. Un statut qui permettrait un accueil sécurisé et rapide, une intégration dans les laboratoires et un accompagnement adapté, « au même titre que les journalistes ou les opposants politiques ».

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« La politique de l’administration Trump a déjà un impact considérable sur la recherche mondiale », préviennent-ils. « La science ne connaît pas de frontières. » et est « par nature, un terrain d’échanges et de confrontations ». L’initiative, espèrent-ils, serait un signal fort en faveur de la liberté académique et de la diplomatie scientifique. Car « protéger les scientifiques, c’est préserver les conditions de notre démocratie », concluent-ils.