Par

Julien Van Caeyseele

Publié le

11 avr. 2025 à 16h30

Entourés de pins, les maisonnettes et petits bungalows équipés de terrasses ouvertes confèrent presque au site des airs de village de vacances… Ce sont pourtant des militaires blessés en service, dans leur chaire et leur esprit, qui prendront bientôt possession du site. Ce vendredi 11 avril 2025, Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée des Anciens combattants et Marie Barsacq, ministre des Sports, ont inauguré le village des blessés, au camp Guynemer, dans l’enceinte du Centre national des sports de la défense (CNSD), à Fontainebleau (Seine-et-Marne).

Le Village des blessés de l’armée, inaugurée à Fontainebleau, permettra une reconstruction grâce au sport

Unique en Europe, cette structure baptisée Village adjudant Geo-Andrédu nom d’un athlète olympique et sous-officier d’infanterie mort au combat en 1943 – accueillera des militaires des trois corps d’armée et de la gendarmerie après leur parcours de réadaptation à l’hôpital, mais également leurs familles.

village des blessés fontainebleau
Le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre et Patricia Mirallès ont dévoilé la plaque en mémoire de Geo André, un athlète et militaire mort au combat, qui a donné son nom au village des blessés ©JVC/RSM77

« L’objectif, c’est de proposer un espace de reconstruction des blessés par le sport, indique le général Paul Sanzey, commandant du CNSD. Depuis 10 ans, nous avons développé des stages de reprise d’activités sportives et ce nouvel outil permettra de compléter l’accompagnement, avec une vraie plus-value dans la prise en charge. »

100 lits et deux maisons « grands blessés »
village des blessés fontainebleau
Les ministres ont pu découvrir les chambres des maisons « grands blessés », notamment équipées de rails permettant d’aller du lit jusqu’à la salle de bain ©JVC/RSM77

D’une capacité de 100 lits – dont une quarantaine adaptés aux personnes à mobilité réduite et deux maisons dites ‘grands blessés’ – la structure non médicalisée permettra d’accompagner les militaires dans leurs parcours de reconstruction, pour des pathologies psychiques ou physiques. Le site abrite aussi un bâtiment pour des activités communes.

Le Village des blessés, inauguré au sein du CNSD à Fontainebleau, est composé de 15 maisonnettes en bois, de deux maisons grands blessés et d'un bâtiment polyvalent
Le Village des blessés, inauguré au sein du CNSD à Fontainebleau, est composé de 15 maisonnettes en bois, de deux maisons grands blessés et d’un bâtiment polyvalent ©JVC/RSM77

« C’est un super équipement », se réjouit l’adjudant Mickaël, 35 ans, qui est passé par le CNSD pour sa propre reconstruction par le sport, avant l’ouverture du village. Grièvement blessé au Mali lors d’une explosion, il subira 12 opérations et greffes.

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Grièvement blessé au Mali, l’adjudant Mickaël insiste sur l’importance du sport dans sa reconstruction ©JVC/RSM77« Les familles participeront pleinement à la reconstruction des blessés »

« C’est ici que j’ai commencé à voir le sport comme un allié et un levier puissant pour me soigner et me reconstruire, confie-t-il. Cette bouffée d’oxygène a accéléré ma remise sur pied. » Il voit dans cette structure une approche novatrice, grâce à la présence des familles.

« Les familles sont primordiales pour nous soutenir au quotidien et dans ce village, elles participeront pleinement à la reconstruction des militaires blessés », insiste-t-il. « Le sport est un vecteur de bien-être, mais aussi un outil puissant de réparation du corps et de l’esprit », abonde Marie Barsacq. Les militaires pourront bénéficier d’un accompagnement personnalisé et de nombreuses activités qu’ils pourront partager avec leurs proches.

« Un esprit village, sans l’idée de caserne »

« Ce village unique fait déjà la fierté de nos armées, sourit Patricia Mirallès. C’est la reconnaissance de la Nation à ceux qui ont payé le prix fort et notre devoir est de les accompagner. » La ministre évoque l’installation à Fontainebleau comme « une évidence », tant pour les installations exceptionnelles que « le cadre reposant : un esprit village pour recréer du lien, sans l’idée de caserne. »

Selon la ministre, des nations comme les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni ou l’Ukraine ont déjà fait part de leur intérêt pour découvrir cette prise en charge unique en son genre… Pour financer ce village au coût de 9,5 M€, un formidable élan de solidarité s’est créé : plus de la moitié a été financée par des associations d’accompagnements de militaires ou Anciens combattants. Les premiers blessés arriveront au village d’ici au mois de juin et les familles pourront ensuite les rejoindre, courant 2026, « le temps de permettre aux militaires de s’adapter à ce nouvel environnement. »

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