Le premier tiers du championnat est passé, et Álex Márquez reste solidement installé dans la lutte qui s’est dessinée tout en haut du championnat. On ne cesse de mettre en évidence les performances supérieures de Marc Márquez et les difficultés bloquantes de Pecco Bagnaia, mais le pilote Gresini est bel et bien intercalé entre eux et confirme chaque week-end une valeur sûre à ceux qui pourraient encore en douter.
Faire ainsi figure d’outsider convient très bien au pilote de 29 ans. « Je préfère être la surprise ! », sourit-il. Il sait que « pour certaines personnes », il reste effectivement la surprise de cette saison, celui que l’on n’attendait pas à un tel niveau. « Apparemment, avoir 61 points d’avance sur le troisième, ça ne suffit pas à considérer que je suis dans la bagarre ! », fait-il remarquer, mi-amusé, mi-lassé d’être aussi peu considéré après cinq podiums, dont une victoire, ainsi qu’un succès en course sprint au milieu d’une série de deuxièmes places.
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Mais Álex Márquez a une grande qualité parmi d’autres, c’est qu’il sait avoir une approche constructive en toute circonstance. « Pour moi, ça n’est non pas une surprise, mais un cadeau d’être dans cette situation », analyse-t-il donc. « Personne n’aurait imaginé ça avant de commencer. C’est nouveau pour nous aussi, alors je veux en profiter parce que ça n’arrive pas tous les ans de vivre une situation comme celle-ci avec la moto de l’année précédente. Il faut qu’on savoure ça, et aussi qu’on tire profit de cette situation. Être là, ne pas faire trop de bruit… »
Lui qui a depuis toujours appris à grandir dans l’ombre d’un frère aîné vite devenu star, il a fini par faire son trou dans la catégorie MotoGP dans la discrétion. Mais son rang actuel ne peut plus passer inaperçu et les projecteurs vont de plus en plus se braquer sur lui s’il continue ainsi à faire figure de plus fort opposant à Marc Márquez. Se sent plus libre ou plus soumis à la pression dans une telle situation ?
« Ma mentalité est inchangée », répond-il. « J’essaye d’aborder le week-end en sachant qu’il va falloir se donner à 100%, comme toujours, extraire le potentiel maximum qu’on a dans le stand. Ensuite, le samedi, on sait où on se situe, que le maximum est de faire P2, par exemple, alors on se bat pour la deuxième place et si on reçoit le cadeau de la première place, on la prend. En tout cas, on ramène toujours des points à la maison. C’est notre mentalité. »
Álex Márquez a sabré le champagne huit fois en huit sprints, ainsi que cinq fois le dimanche cette année.
Photo de: Burak Akbulut – Anadolu – Getty Images
Peut-être est-ce justement par manque d’habitude d’une telle situation en MotoGP ou par peur que le rêve finisse par s’évanouir, mais Álex Márquez veut bel et bien « tirer profit » de ce qu’il vit actuellement. « Peut-être qu’à un moment donné dans la saison, les Ducati officielles vont progresser, ou bien KTM ou Aprilia […]. Il faut qu’on tire profit de notre situation parce qu’on ne va pas avoir d’améliorations [sur la moto] au cours de l’année ; les autres constructeurs en auront peut-être, et ils ne cessent de se rapprocher. C’est donc ça, notre mentalité : extraire tout notre potentiel chaque week-end. Si notre maximum est de faire P5, on va travailler pour ça, et si c’est P1, c’est P1, et c’est comme ça tous les week-ends. »
« La mentalité peut changer », ajoute le pilote espagnol. « Si on arrive à Mandalika ou Phillip Island en étant toujours en lice au championnat, alors il est certain qu’il faudra changer quelque chose et penser au titre. Mais pour le moment, c’est trop tôt. »
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Des fondations pour l’avenir
Lorsqu’il décrypte son début de saison, le pilote Gresini mentionne lui-même la spec de sa moto, et à juste titre : la GP24 dont il a hérité cette année a beau être « ancienne », elle est aussi extrêmement aboutie. Sa position du moment ne doit cependant pas tout à la qualité de sa machine, lui aussi a fait du chemin pour savoir répondre présent plus que les autres pilotes qui disposent du même modèle.
« Je pense que c’est un processus. L’année dernière m’a permis de faire de gros progrès. J’ai eu beaucoup de mal avec cette moto, mais j’ai aussi amélioré beaucoup de choses, comme l’entrée dans les virages, des choses sur lesquelles je n’avais pas été très rapide dans ma carrière », explique-t-il.
« Quand on a un problème, il faut redoubler d’attention sur ce point et j’ai donc amélioré cela l’année dernière. Donc il est vrai que la moto de l’année dernière [la GP24] m’apporte beaucoup plus, mais les progrès en entrée de virage, par exemple, viennent de celle que j’avais la saison dernière [la GP23]. »
Álex Márquez est bel et bien le meilleur opposant à Marc cette saison.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Aujourd’hui épanoui chez Gresini, se prend-il à s’imaginer redevenir pilote d’usine à la fin de son contrat, dans un an et demi ? « Il est certain que quand on est dans cette situation, on a plus d’options. Si je continue comme ça, je serai en bonne position pour négocier un contrat. Les gens vont venir d’eux-mêmes ! Ça change beaucoup », concède-t-il.
« Mais je ne pense pas encore à 2027, c’est trop loin. Il est vrai aussi que ce sera peut-être une année où il faudra prendre des risques, envisager un changement car on ne saura pas quelle moto sera la meilleure, surtout par rapport au changement de pneus plus qu’avec le nouveau règlement. »
« On sera donc ouverts à tout, à condition de continuer comme ça. Parce que, là, OK, j’arrive au Mugello en étant deuxième du championnat et en ayant fait deuxième en Aragón, donc si je devais négocier je serais en bonne position. Mais si vous faites deux courses où vous n’êtes pas bon, tout le monde oublie ce que vous avez fait jusque-là. Alors il faut continuer comme ça et on verra à l’avenir. »
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Léna Buffa
MotoGP
Álex Márquez
Gresini Racing
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