Pouvez-vous nous présenter votre livre, Le Soleil aux lèvres ? De quoi parle-t-il ?
C’est un livre qui retrace ma vie, de l’âge de mes 12 ans à mes 22 ans, et des épreuves que j’ai dû surmonter. Il y a le deuil de ma meilleure amie quand j’avais 11 ans, le harcèlement scolaire, le viol, la maladie et la découverte de la foi.
Qu’est-ce qui vous a donné la force de coucher votre histoire sur le papier ?
Face à ces épreuves, mon cerveau s’est mis en veille. C’est ce que l’on appelle une amnésie traumatique. Il y a un peu plus de deux ans, ces souvenirs sont remontés à la surface. Je suis retombée dans des crises d’angoisse, des insomnies. J’ai consulté une psy qui m’a fait écrire. C’était compliqué, je ne parlais pas. Je suis plus à l’aise avec l’écrit, et de là est né ce livre.
Comment décririez-vous ce livre ?
Ce livre est comme un journal intime. J’ai toujours écrit, mais ici, plus j’écrivais, plus mes souvenirs remontaient, et c’était le plus dur. Il y a des souvenirs et des moments dont on ne veut plus. Je pense qu’au final, j’ai fait quelque chose de beau.
Quel message avez-vous voulu faire passer à travers ce témoignage ?
Je voudrais laisser un héritage à ma famille, mais aussi un message d’espoir aux gens que je ne connais pas. J’ai eu des retours d’inconnus sur ce livre, c’est ma plus grande fierté. C’est une autobiographie romancée. C’est un livre dur, mais qui n’est pas sombre. C’est un livre rempli d’amour. Il y a la noirceur de toutes les épreuves qui sont décrites, mais il y a aussi beaucoup de lumière. Ce n’est pas un livre pour se plaindre, mais pour dénoncer et aussi encourager.
Avec tout ce que vous avez traversé, quel regard portez-vous aujourd’hui sur votre parcours ?
Je ne regrette pas ma vie, c’est ce qui fait la personne que je suis aujourd’hui. J’ai réussi à surmonter. Ces épreuves m’ont forgée, même si j’ai eu une enfance volée.
Comment avez-vous structuré le livre ? Quels sont les moments de votre vie que vous avez voulu évoquer ?
Ce sont les plus gros moments de ma vie. Ma vie s’est écroulée quand j’ai perdu ma meilleure amie, et après, ça s’est enchaîné. Mais je n’ai pas envie qu’on me définisse seulement par ce que j’ai vécu : la maladie, le viol. Ce sont des moments de ma vie qui ne me lâcheront plus.
Quels passages ont été les plus difficiles à écrire ?
Il y a le deuil de ma meilleure amie, c’est une chose dont je ne parle jamais, et le viol. Dans le livre, j’ai souhaité en parler de manière précise, mais pas non plus détaillée. Pour le viol ou le deuil, c’est assez clair pour tout le monde. Ce sont des choses intimes et universelles. Les mots parlent à tout le monde.
Ce livre vous a-t-il permis de tourner une page, de vous libérer ?
Je suis libérée. Avec ce livre, j’ai tout dit. J’ai tout dit à mes parents et à mes proches. Je n’ai plus le poids que j’avais avant.
Comment avez-vous trouvé les mots justes pour raconter ce que vous n’avez jamais voulu dire ?
Je pense que c’est le cœur. Certaines personnes chantent, jouent de la musique, moi c’est l’écriture.
Qu’est-ce qui vous a aidée à traverser toutes ces épreuves ?
Je me suis sentie très seule. Mais je ne me suis jamais dit : « Pourquoi moi ? » Je n’ai pas eu d’enfance, ni d’adolescence. Je n’ai pas vécu la même chose que mes amis. Je n’ai pas envie qu’on me plaigne.
Quel rôle a joué la foi dans votre reconstruction ?
Pour ma part, c’est avec la foi que j’ai découvert grâce à mon cousin, le Père Georges Nicoli. Je ne suis pas née dans une famille pratiquante. C’est quelque chose que j’ai découvert seule, après la mort de ma meilleure amie. Je ne mangeais plus, on m’a donné une prière à réciter, et deux semaines plus tard je mangeais.