L’influenceur d’extrême droite « Le Jarl », connu pour avoir longtemps été le videur de la discothèque 1988 Live Club, a été placé en garde à vue, mercredi, puis remis en liberté en vue d’une nouvelle convocation, a fait savoir le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet, dans un communiqué.

Il a été entendu dans le cadre d’une enquête sur la violente intervention de la part de ses équipes lors d’une rave-party qui se déroulait à proximité de la boîte de nuit, a appris Le Parisien auprès du parquet de Rennes, confirmant une information du Télégramme.

Le 8 mars dernier, une « fête populaire, antifasciste, ouverte et gratuite » devait se tenir dans un cinéma désaffecté sur la place du Colombier, dans le centre de Rennes (Ille-et-Vilaine), à proximité du 1988 Live Club. Cette rave-party n’était pas autorisée par la préfecture.

Des coups et du gaz lacrymogène

Tandis que des dizaines de personnes tentaient d’entrer à cette fête tenue par des organisations d’extrême gauche, « Le Jarl » et ses équipes ont choisi d’intervenir avant même l’arrivée des forces de l’ordre. De son vrai nom Yovan Delourme, il était suppléant sur une liste Reconquête lors des élections législatives de 2022.

Des vidéos les montrant en train de frapper de jeunes individus et d’utiliser du gaz lacrymogène ont largement circulé sur les réseaux sociaux. « On voulait empêcher de nouveaux jeunes d’entrer, sinon ce serait devenu totalement ingérable », se défendait « Le Jarl » auprès de nos confrères de Ouest-France.

VidéoRennes : « Le Jarl » et ses videurs accusés de violences lors d’une soirée

De son côté, le syndicat étudiant rennais Union Pirate, qui co-organisait l’événement, dénonçait une attitude « agressive et menaçante » des agents de sécurité du 1988 Live Club qui agissaient « en toute illégalité ».

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Une enquête préliminaire avait alors été ouverte pour faire la lumière sur cette affaire.

Pas d’agrément, ni de carte professionnelle

C’est donc dans le cadre de cette enquête que « Le Jarl » a été placé en garde à vue, ce mercredi, en raison de sa qualité de responsable de la sécurité du 1988 Live Club, mais également « d’ancien cadre salarié » et « d’adjoint de direction » de l’établissement, selon Frédéric Teillet.

Selon le magistrat, il a été entendu pour « exercice d’activité privée de sécurité sans autorisation », « conclusion d’un contrat de travail salarié pour exercer une activité de surveillance ou protection des personnes sans être titulaire d’une carte professionnelle », « exercice sans autorisation sur la voie publique d’activité de surveillance par des agents d’un service interne de sécurité d’une entreprise » et « acquisition et détention non autorisées d’arme, munition de catégorie B ».

Devant les enquêteurs, « Le Jarl » a admis « n’avoir jamais été titulaire d’une carte professionnelle », expliquant qu’il considérait n’avoir « jamais, de son point de vue, exercé d’activité d’agent de sécurité », poursuit le magistrat. Il a également reconnu « avoir exercé, partiellement, l’encadrement, sans agrément, du service interne de sécurité » du 1988 Live Club. Mais, selon lui, il avait « prévu de suivre une formation pour obtenir un titre de dirigeant qui aurait dû démarrer après les évènements du 9 mars 2025 », ajoute-t-il.

« Le Jarl » a aussi avoué avoir acheté « auprès d’un site internet allemand de la totalité des bombes aérosols, classées en catégorie B », retrouvées lors de la perquisition de la discothèque, le 12 mars dernier.

Déjà placé en garde à vue il y a plusieurs semaines

À l’issue de son audition, « Le Jarl » a été relâché, dans l’attente d’une nouvelle convocation. En effet, son avocat « a remis aux enquêteurs des pièces et documents restant à exploiter avant toute réponse pénale », a précisé le procureur de la République de Rennes, qui précise que l’enquête se poursuit.

Quant aux enquêtes ouvertes pour l’intrusion dans les locaux du cinéma et pour le comportement des agents de sécurité, elles « se poursuivent également », ajoute Frédéric Teillet.

Il avait déjà placé en garde à vue il y a plusieurs semaines, précise au Parisien le parquet de Rennes. Suite à ces débordements, la préfecture d’Ille-et-Vilaine avait décidé, fin mars, de fermer le 1988 Live Club pour une durée d’un mois. Quelques jours plus tard, le patron de la discothèque avait choisi de licencier « Le Jarl ».