« Et si avant de juger, nous essayions de comprendre ? » peut-on lire au dos du Monolithe V posé devant l’église réformée Saint-Paul. Dorota Bednarek veut en faire un porte-voix du délitement des valeurs humaines. Celle qui garde toujours en elle une part de sa Pologne natale espère montrer à travers son œuvre qu’un autre monde est possible.
Éveiller les sens et les consciences
L’imposante réalisation de 900 kilos a nécessité six mois de préparation et une semaine complète d’installation. Sa délicatesse saute aux yeux en s’approchant du bloc de 2,5 mètres sur 2,5 mètres. L’orientation du soleil fait scintiller les cristaux argentés : « Le Monolithe vit et change avec la lumière, comme la mer qui est représentée », explique Dorota Bednarek. La contemplation passe aussi par la bande-son, mélange de chants angéliques et de vagues de la mer Baltique. La peintre et sculpteuse invite également au toucher, sens rarement stimulé devant une œuvre et déclencheur de milliers de réactions chimiques.
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Surtout, l’art sert de relais pour les valeurs défendues par Dorota Bednarek. « Le rôle de l’artiste est de montrer ce qu’on ne voit plus », pense-t-elle. L’œuvre n’est pas qu’un visuel, elle dénonce la perte d’humanité : « Nous portons tous en nous la poussière de supernova. Quelque part, nous ne formons qu’un. » L’artiste est convaincue que c’est l’éducation qui va changer le monde, pas les guerres. Encore faut-il que cette éducation rappelle les valeurs humaines aux futures générations.
Célébrer la culture polonaise
« C’est ma nourriture intérieure. » Voilà comment Dorota Bednarek évoque la Pologne, qu’elle a quittée 30 ans plus tôt. Elle cite quelques mots du poète polonais Cyprian Kamil Norwid. Même si elle a fini par faire de Strasbourg « sa ville de cœur », sa terre natale ne cesse de trotter dans sa tête. Les passants échangent longuement avec l’artiste et s’arrêtent pour prendre des photos. Zian, Strasbourgeois de 80 ans, en vient même à parler de son grand-père, arrivé en France après les pogroms de 1891 en Pologne : « C’est justement à cette époque que Cyprian Kamil Norwid a quitté son pays », indique Dorota Bednarek.
Le Monolithe V n’est pas qu’une œuvre nostalgique puisqu’inscrite dans la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne, qui prend fin le 30 juin prochain. La création va aussi participer à la fête de la culture polonaise , organisée le 22 juin sur le parvis de l’église. « L’occasion de rencontrer des centaines d’homologues avec qui parler du pays », conclut Dorota Bednarek.