Chaque jour, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie tremblent. Alors que des discussions ont lieu, pour l’instant sans effet, autour d’un cessez-le-feu en Ukraine, les pays baltes s’activent pour renforcer leur défense. Ils le savent, si Moscou n’est plus occupée sur le front ukrainien, elle prendra le temps de se renforcer pour attaquer par le nord.

Et ils seront en première ligne. « Vladimir Poutine ne va pas nous faire attendre dix ans. Le moment le plus dangereux pour nous sera immédiatement après un cessez-le-feu avec l’Ukraine », estime Gabrielius Landsbergis, ex-ministre des affaires étrangères lituanien.

The Telegraph rapporte que les pays baltes font tout ce qu’ils peuvent actuellement pour bâtir leur défense. Comme la Pologne et la Finlande, la Lituanie a récemment quitté un traité international qui l’empêchait d’utiliser des bombes à sous-munitions. Des décisions justifiées par plusieurs rapports d’agences de renseignement européennes.

Une poudrière sous la Baltique

Le Danemark pense notamment que Moscou pourrait « mener une guerre locale dans un pays voisin de la Russie » dans 6 mois, « être prêt pour une guerre régionale dans les pays baltes » dans deux ans, et faire la guerre « à grande échelle » à l’Europe dans 5 ans.

L’oblast de Kaliningrad : porte d’entrée vulnérable sur les pays baltes

La Lituanie est d’autant plus vulnérable qu’elle doit cohabiter avec l’enclave russe de Kaliningrad, au sud-ouest du pays. A l’Est, c’est la Biélorussie, alliée russe par excellence qui borde le pays. Et le Corridor de Suwałki n’arrange rien. Cette ligne de 85 kilomètres est la frontière entre la Pologne et la Lituanie mais aussi le chemin le plus rapide pour aller de la Biélorussie à Kaliningrad.

Avec tous ces éléments en tête, les pays baltes renforcent leurs lignes de défense pour pouvoir combattre les Russes dès le premier centimètre de territoire grignoté. En plus d’un appel permanent à l’Otan pour obtenir plus de soldats et d’aide militaire, les trois nations prennent les choses en main.

La première pierre à l’édifice est un plan sur 10 ans pour renforcer les quelque 965 kilomètres de frontières orientales avec la Russie. Mille bunkers, des tranchées, des dépôts de munitions et des abris vont sortir de terre. Mais les pays baltes n’ont peut-être pas dix ans devant eux.

Les pays baltes s’assemblent pour faire défense commune face à Moscou

Chacun des trois pays baltes s’est engagé à investir 70,2 millions d’euros pour renforcer leur défense commune. « On doit pouvoir tenir la ligne de front, s’assurer que les Russes n’entreront pas, mais il faut aussi que l’on puisse avancer chez l’ennemi », estime Raimond Kaljulaid, chef de la délégation estonienne à l’Otan.

L’Estonie a décidé de commencer par installer des bunkers le long de la frontière. Le pays a également prévu d’installer des barbelés et des dispositifs anti-char dans les prochains mois. Des dispositifs déjà en place sur les parties lettones et lituaniennes de la frontière russe. Maintenant, ils espèrent que le Kremlin ne mettra pas de nouveaux plans fous et destructeurs à exécution.