La délibération numéro 12 (1) aurait pu passer comme une lettre à la poste, jeudi 19 juin 2025 au conseil municipal de Cagnes-sur-Mer.
Il s’agissait d’une convention de financement pour le parc des Canebiers (2), de l’autre côté de la Cagne, dans l’écoquartier Canebiers-Villette. C’était sans compter sur l’opposition municipale.
« Vous nous expliquez que la Société publique locale (SPL) Côte d’Azur Aménagement n’est pas là pour se faire des sous sur le dos des Cagnois alors que la SPL va encaisser 34,2 millions d’euros pour la revente du foncier de la Villette à Bouygues Immobilier, ce qui est l’information capitale de l’avenant que vous nous soumettez. 34,2 millions d’euros pour la SPL, quand celle-ci ne va débourser que 11,4 millions pour l’acquisition du foncier auprès de la ville de Cagnes-sur-Mer! Le triple! », lance Josy Piret, élue d’opposition (Alliance des droites).
« Ce terrain a été vendu en 2024 au même prix que 2015 sans réévaluation »
Isabelle Utrago, conseillère municipale d’opposition (Rassemblement national), va plus loin: « Ce terrain a été vendu en 2024 au même prix que 2015, sans réévaluation. Soit neuf ans plus tard! (…) Il est quand même assez incongru que la SPL perçoive ensuite un prix de vente pour le même terrain de 34,2 millions d’euros. J’attends quelques éclaircissements. »
Lionel Dolciani, élu d’opposition (L’Union pour Cagnes), sermonne la majorité: « A mon sens, ce n’est pas le choix le plus judicieux pour notre commune. En effet, la proposition de la SPL et de la Métropole – que la commune a acceptée – privilégie fortement les intérêts de celles-ci au détriment de notre commune. La Ville de Cagnes aurait, moyennant d’autres choix, optimisé largement le montant de la vente. Mais serait aussi restée propriétaire d’une large parcelle permettant d’y construire en pleine propriété le parking silo, outil indispensable pour pouvoir piloter l’attractivité du centre-ville qui en a bien besoin. »
Philippe Touzeau-Menoni, conseiller municipal d’opposition (L’Union pour Cagnes), tance le maire: « Il n’a jamais été prévu qu’on réévalue le prix. Il manque entre 7 et 10 millions d’euros sur le prix de vente. Et on perd la propriété de la totalité de la zone d’aménagement concertée (ZAC), ce qui est bien dommage pour le stationnement à Cagnes. »
« La SPL n’a pas vocation à faire des bénéfices »
Devant cette levée de boucliers de toutes les oppositions, Amandine Pihouée, adjointe aux Grands travaux, réplique: « On a dû manquer de pédagogie ces derniers mois. Cette opération est complexe. On a choisi le régime de ZAC pour réaliser l’aménagement. On a vendu un terrain brut sur la base de l’estimation des Domaines. Demain, qu’est-ce qui va nous être restitué? Ce seront des espaces publics aménagés: des réseaux, 120 arbres, des sols désimperméabilisés, une piste cyclable, etc. Ce n’est pas Bouygues qui aménage les espaces publics. (…) La SPL n’a pas vocation à faire des bénéfices. »
Louis Nègre, excédé par les interventions des oppositions, réagit: « C’est la énième fois que nous faisons des explications de texte. (…) Si vous ne comprenez pas, n’hésitez pas à m’écrire. Vous reconnaissez que l’opération est légale. Même la chambre régionale des comptes a regardé le projet de La Villette. S’il y avait le moindre problème, on nous l’aurait dit depuis longtemps. »
1. Dans le même conseil municipal, la délibération numéro 11 concernait également l’écoquartier Canebiers-Villette. La société Bouygues Immobilier va construire 490 logements (263 logements privés, 117 logements sociaux et 110hébergements pour seniors). L’entreprise de logement social Erilia va procéder à l’acquisition de 84 logements sociaux.
2. Coût du parc des Canebiers: 3.948.065 euros financés par la Ville de Cagnes (1.669.452 euros), le Fonds vert (1.489.000 euros), la Société publique locale Côte d’Azur Aménagement (789.613 euros).