George Lucas et Steve Jobs

Les origines de Pixar remontent à 1979, quand la division informatique de Lucasfilm (la société de production de George Lucas, qui a triomphé, deux ans plus tôt, avec le premier Star Wars) crée GraphicsGroup, une cellule chargée de travailler avec Industrial Light & Magic sur les effets spéciaux de films comme Star Trek 2.

Mais ce n’est qu’avec le rachat de GraphicsGroup pour 5 millions de dollars par Steve Jobs en 1986 que l’aventure commence réellement. Rajoutant 5 millions de dollars dans le capital, l’ancien patron d’Apple (dont il venait d’être viré) fonde Pixar Animation Studios.

Avec « Elio », Pixar repart avec succès en renouant avec l’esprit des classiques de Disney

Se détournant de l’aspect matériel informatique pour se consacrer uniquement à l’animation 3D, Pixar réalise une première carte de visite remarquée : Luxo Jr. Ours d’argent du meilleur court métrage à la Berlinale et nommé à l’oscar, ce petit film de 2 minutes, aujourd’hui culte, était conçu pour mettre en valeur les capacités de Pixar dans le rendu numérique photo-réaliste. Pour ce faire, son réalisateur John Lasseter imagine l’animation d’un objet tout simple qu’il avait sous la main, une lampe de bureau, qui deviendra le logo de Pixar…

Nommé directeur artistique du studio en 1991, Lasseter se lance dans la réalisation de son premier long métrage : Toy Story qui, en 1995, permet à Pixar de se faire un nom auprès du grand public. Même si son succès est encore relatif : 75 millions de dollars au box-office mondial (pour un budget, promotion comprise, de 65 millions).

Le rachat par Disney

Trois ans plus tard, 1001 pattes engrange par contre 363 millions de dollars à travers le monde, pour un budget de production estimé à 45 millions. À partir de là, Pixar enchaîne les succès avec une série de films iconiques : Toy Story 2 (1999), Monstres et Cie (2002), Le Monde de Némo (2003) et Les Indestructibles (2004)… Les cinq premiers films Pixar rapportent ainsi quelque 2,5 milliards de dollars ! Et ce notamment grâce à un accord de coproduction signé en 1997 avec un autre géant de l’animation : Disney.

Mais des tensions finissent par se faire sentir entre Pixar (chargé de la conception et de la production) et Disney (distribution et marketing). En 2003, Steve Jobs annonce chercher un autre partenaire. Le désaccord, qui s’étale dans la presse spécialisée, se résout, en mai 2006, par le rachat de Pixar par le géant Mickey pour 7,4 milliards de dollars.

Comment le premier « Toy Story » a irrigué ses suites

Dans l’opération, reposant sur un échange d’actions, Steve Jobs devient le plus gros actionnaire de Disney (avec 7,1 %) bien loin devant le pdg d’alors Michael Eisner (1,7 %) et Roy Edward Disney (1 %), le neveu de Walt.

John Lasseter devient, lui, directeur de la création à la fois de Pixar et de Disney Animation — il sera éjecté en 2018, suite à des accusations de harcèlement sexuel. Les deux entités restant néanmoins séparées, la première spécialisée dans l’animation 3D, la seconde dans le dessin animé traditionnel.

Côté public, le succès ne se dément pas. En 2010, Toy Story 3 devient ainsi le premier Pixar à franchir le cap du milliard de dollars de recettes, tout comme Le Monde de Dory en 2016, Les Indestructibles 2 en 2018 et le génial Toy Story 4 en 2019.

La crise du Covid

Sorti en mars 2020, juste avant le confinement et interdit dans certains pays arabes (car présentant un personnage de lesbienne), En avant est le premier gros échec de Pixar. Produit pour 200 millions de dollars, il n’en rapportera que 142. Soul, le dernier grand chef-d’œuvre de Pixar signé Pete Docter, sortira directement sur Disney + à la Noël 2020. Tout comme Luca en 2021 et le très beau Alerte rouge (le premier Pixar réalisé par une femme, Domee Shi)…

« Soul »: la belle fable à la Capra du studio Pixar arrive directement sur Disney+

Marquant un changement de stratégie chez Disney, Buzz l’éclair sortira, lui, en salles en 2022, mais se plantera, avec 226,4 millions de dollars (pour 200 millions de budget). Pixar reprend cependant du poil de la bête avec Élémentaire en 2023 et surtout Vice-Versa 2 l’année dernière, qui, avec 1,7 milliard de dollars de recettes, est devenu le film d’animation le plus rentable de l’histoire.

Après Elio, quatre autres films sont déjà annoncés : Toy Story 5 en 2026, Gatto en 2027, Les Indestructibles 3 en 2028 et Coco 2 en 2029. Avec trois suites, la rentabilité du studio semble assurée. Moins sa créativité et sa capacité à se renouveler… D’autant que le studio est désormais aussi chargé de fournir du contenu à la plateforme Disney +. En février dernier, a ainsi été miss en ligne la première série originale de Pixar: Win or Lose.