En Europe, la résistance de la bactérie responsable de la gonorrhée à l’azithromycine est passée de 9 % en 2019 à plus de 25 % en 2022, selon l’ECDC. © Adobe Stock
Chaque année en Europe, les bactéries résistantes font plus de 35 000 morts, selon un rapport du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Ce chiffre dépasse déjà certains types de cancer. Et en première ligne des coupables désignés : les prescriptions excessives d’antibiotiques, notamment des macrolides comme l’azithromycine.
Face à cette menace invisible mais bien réelle, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a décidé d’agir. Elle veut limiter l’usage de cet antibiotique populaire… mais parfois mal employé.
Antibiorésistance : quand les antibiotiques perdent leur pouvoir… Qu’est-ce que l’azithromycine, exactement ?
L’azithromycine est un antibiotique de la famille des macrolides. Il est utilisé pour traiter des infections très fréquentes :
C’est un médicament apprécié des médecins (et des patients) pour sa posologie courte (souvent 3 jours), ses effets rapides, et sa relative tolérance.
Antibiotiques : trop prescrit, trop souvent… pour rien
En France, selon Santé Publique France, la consommation de macrolides a augmenté de 12,8 % entre 2022 et 2023, après une baisse durant la pandémie. L’azithromycine figure en bonne place parmi les antibiotiques les plus prescrits.
Mais voilà, il est parfois utilisé sans justification médicale solide, notamment pour des infections virales (angines, bronchites) où il n’a aucun effet. Résultat ? Les bactéries s’habituent, mutent, et deviennent résistantes. C’est ce qu’on appelle l’antibiorésistance, ou résistance aux antibiotiques. Et elle progresse à vitesse grand V.
Alors, l’EMA restreint l’usage de l’azithromycine pour freiner l’antibiorésistance Ce que l’EMA propose concrètement
Le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l’EMA recommande en 2025 :
- De restreindre les indications : par exemple, réserver l’azithromycine uniquement aux infections génitales à Chlamydia ou aux cas graves de pneumonie.
- De supprimer certaines utilisations orales, comme le traitement de l’acné modérée ou la prévention de l’asthme.
- D’harmoniser les pratiques en Europe, pour éviter que certains pays ne la prescrivent trop librement.
Ce n’est pas une interdiction totale, mais une restriction ciblée et justifiée, pour préserver l’efficacité du médicament.
Pourquoi cette restriction des antibiotiques en 2025 est capitale
L’azithromycine n’est pas seule concernée. Cette décision s’inscrit dans un plan plus large pour restreindre l’usage de certains antibiotiques dits “critiques”. Selon l’OMS, les macrolides comme l’azithromycine font partie des antibiotiques “Watch” : des traitements essentiels, mais à réserver aux cas vraiment nécessaires.
L’objectif est d’éviter que les antibiotiques de demain ne deviennent inutiles. Car si les bactéries deviennent résistantes à tout, nous perdrons l’un des piliers de la médecine moderne : la possibilité de traiter efficacement des infections simples, des complications postopératoires, ou des traitements de chimiothérapie.
Ce que cela change pour vous, patients
Pas de panique ! Vous aurez toujours accès à l’azithromycine… si vous en avez réellement besoin. Mais attendez-vous à ce que votre médecin vous pose plus de questions avant de vous en prescrire. Et c’est une bonne chose.
Nos conseils :
- Ne réclamez pas automatiquement un antibiotique pour un rhume ou une toux.
- Écoutez l’avis de votre médecin : il sait quand un antibiotique est vraiment nécessaire.
- Respectez toujours la posologie prescrite et terminez votre traitement.
À SAVOIR
L’azithromycine peut, dans de rares cas, entraîner des troubles du rythme cardiaque, surtout chez les personnes ayant des antécédents cardiaques. Un ECG de contrôle est recommandé avant prescription pour les patients à risque, selon plusieurs agences de santé.
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