Sous ses airs de gamin, dans le hall d’entrée de la Piscine Saint-Exupéry à Villefranche, il attend accompagné par sa mère, le début de l’entraînement. Sous son simple t-shirt, floqué NVB, et ses bouclettes brunes, se cache l’étoffe d’un potentiel champion de water-polo.
Appelé en équipe de France depuis la création de la sélection en 2025, Nathan Viana fait aujourd’hui partie des espoirs français, après avoir tapé dans l’œil des sélectionneurs lors de la dernière coupe de France. « Quand je voyais le niveau des joueurs, j’étais assez confiant sur ma sélection. Mais arrivé dans les 30 joueurs détectés, j’ai eu un petit coup de pression », assumait le Caladois.
« L’équipe se sent en sécurité quand un joueur comme lui est derrière »
Pourtant, même blessé au doigt lors de sa détection à Paris, son style de jeu, sa position en contre pointe (rôle défensif) et son agressivité ont satisfait les coachs qui l’alignent sur la feuille de match dès le premier tournoi. Sans plus attendre, Nathan saisit sa chance et démontre son potentiel.
« On jouait contre les américains. J’étais au poste que je connais le moins, sur mon mauvais côté. Il nous restait à peu près 10 secondes et on perdait 6-7 ou 7-8, se rappelle-t-il. Dans un angle fermé, sans beaucoup de possibilités, il arme pourtant son tir et tente sa chance avec succès. J’ai vu toute l’équipe se lever en criant. C’est l’un de mes meilleurs souvenirs ».
© Louis Servonnat – Séduit par l’intensité du water-polo après avoir regardé un match, Nathan Viana a décidé de quitter le foot et la natation.
« C’est un joueur calme, qui fait peu d’erreur et qui aime apporter cette passe, couvrir le jeu et défendre, précise son coach Onder Yildirim. L’équipe se sent en sécurité quand un joueur comme lui est derrière. »
Nathan Viana, défenseur agressif, mais impassible
Solide défensivement et physiquement, Nathan Viana use aussi de stratagèmes pour bousculer ses adversaires. Parfois agressif, il vante son jeu musclé, « un peu comme Claude Makélélé au football », image son coach. « Certains arrivent dans l’eau et te font des prises qui te mettent KO. Ça se rapproche du rugby. L’objectif, quand l’arbitre ne regarde pas, c’est de faire sortir de son match l’adversaire », sourit-il avec plein de malice.
« Dès la première attaque, je fais peur à mon adversaire. On me disait : si ton adversaire revient normalement dans ton camp, c’est que tu as mal fait ton job, que tu as mal défendu. »
Avec quatre entraînements par semaine surclassé chez les U16, Nathan Viana perfectionne sa technique via les matchs le week-end dans la catégorie U14, mais intervient aussi chez les séniors du NVB. En ce qui concerne l’équipe de France, fraîchement créée, « on nous a prévenu que des stages et des rassemblements auront lieu pour créer une cohésion d’équipe, pour jouer au plus haut niveau », comme l’Eurocup, l’objectif à court terme. Plus intense, les entraînements plongent Nathan et ses compères dans une dure réalité.
L’équipe de France et le rêve des Jeux olympiques
Levés à 7 h du matin, ils passent quasiment huit heures dans l’eau, avant de terminer le soir. « Ça se joue au mental », lâche l’espoir caladois ; une notion à travailler dans les années à venir selon son coach au NVB.
« Il a tout le reste, il sait jouer au polo, il a le physique, c’est quelqu’un qui adore s’entraîner. Mais, en match, il n’aime pas qu’on le cherche. S’il y a un déséquilibre, on va le sentir. Un petit contact, bien placé sous l’eau, qu’il n’apprécie pas, peut le faire sortir de son match. »
Bien parti dans sa jeune carrière, le poloïste a devant lui un beau chemin qui se dessine. S’il est pour l’instant forfait pour la Calad’Cup pour cause de blessure [NDLR : soupçon de fracture du métacarpe], son visage ne trahit pas l’envie de retourner dans l’eau avec un rêve en tête : disputer, un jour, les Jeux olympiques sous les couleurs bleue, blanche et rouge.