Une fille qui se retrouve confrontée à la présence d’une mère dont elle vient d’apprendre le décès, un prêtre troublé par les dessins que fait l’eau sur le mur de son église, un os de l’oreille qui raconte ce qu’il a entendu : voici quelques-uns des miracles qui constituent Les Incrédules , la nouvelle création de l’Opéra national de Lorraine.

Ce travail collectif, sous la direction du metteur en scène Samuel Achache, est une pièce hybride sortie du « laboratoire » nancéien, bourrée d’inventions scéniques et d’humour. Des récits collectés à Nancy et Naples ont servi de matériaux de base à un texte qui prend à la fois l’effet d’un patchwork et d’une réflexion construite sur les miracles, dont un qui fonctionne depuis que le monde est monde : la maternité.

Mère et fille ouvre ainsi le « bal » mais dédoublée : elles sont interprétées par une chanteuse et une comédienne. Tout le monde est sonorisé, ce qui peut froisser certains puristes, mais permet ainsi aux voix de s’harmoniser. Se mettent ainsi en place des décalages entre le parler et le chanter passionnants.

Une musique plaisante à écouter

De la même manière, l’orchestre dans la fosse se voit ainsi dédoublé par un quintet sur scène, deux musiciens de l’orchestre qui sortent de leur zone de confort, et trois musiciens-comédiens, dont l’un des compositeurs, Antonin-Tri Hoang (avec Florent Hubert). Une forme légère apparaît ainsi pour une musique à la fois contemporaine et très plaisante à écouter, parfois étrangement émouvante.

En onze tableaux, avec un décor mouvant d’immenses rectangles grisâtres et une troupe entraînante, se déroule ainsi une histoire au fil conducteur ténu, qui mériterait parfois d’être plus ramassée – et ce sera la seule critique négative à faire à ces Incrédules.

Quasi complet en Avignon

Clairement dans la tradition de l’opéra, cette création fait de petites scènes, bien loin de tout drame, propose une œuvre lyrique à part entière, parfaitement chantée. Il est passionnant pour le spectateur de voir apparaître sous ses yeux une possible évolution de l’opéra contemporain.

Programmées dans le « in » du festival d’Avignon, avec une captation prévue par Arte, les quatre représentations du festival s’affichent déjà quasi complètes, ce qui est loin d’être le cas à Nancy : le public y est donc bien peu « croyant » et manque d’une grande foi dans la qualité de ce qui y est présenté, loin des canons du genre, mais si intrigant.

Opéra national de Lorraine, les 20 et 24 juin à 20 h, le 22 juin à 15 h.