Posted On 20 juin 2025

La fermeture de Bricorama, prévue pour septembre, vient allonger la déjà trop longue liste des enseignes qui jettent l’éponge à Grenoble. En guise de réponse, l’adjoint LFI Alan Confesson s’indigne mollement, puis explique que la municipalité n’y peut pas grand-chose. Une impuissance qu’il ne cesse de théoriser pour se dédouaner de ses responsabilités.

UN RIDEAU BAISSÉ DE PLUS

Après Zara, H&M ou Go Sport, c’est donc Bricorama qui va fermer ses portes à Grenoble. L’enseigne de bricolage, située en face de Grand Place, cessera son activité à la rentrée. Un rideau baissé supplémentaire, symptôme d’une ville qui se vide de ses commerces avec aujourd’hui 12% de locaux commerciaux vacants. Loin d’en prendre la mesure, pendant ce temps, les élus ferment les yeux ou renvoient la balle.

Le Bricorama avenue de l’Europe.
ALAN CONFESSON (LFI) : UN ADJOINT AU COMMERCE « SYMBOLIQUE » !

Interrogé par Le Dauphiné suite à cette nouvelle annonce de fermeture, Alan Confesson, l’adjoint (LFI) en charge des commerces, déplore la situation, mais pour aussitôt se dédouaner de toute capacité à agir : « on n’a pas beaucoup de pouvoir de contrainte », affirme-t-il, préférant parler de « rôle symbolique ». Traduction : il regarde les rideaux tomber sans lever le petit doigt. C’est l’impuissance érigée en principe de gestion.

DÉJÀ EN 2023, IL CONFESSAIT SON INEFFICACITÉ

Ce n’est pas la première fois que l’adjoint Confesson explique son inefficacité. En 2023 déjà, après l’annonce de la fermeture de San Marina, il bottait en touche : « la ville n’a pas la possibilité d’intervenir ». Il concentrait déjà le débat sur la fermeture de l’enseigne et les capacités juridiques d’une municipalité à y faire quelque chose, pour ne surtout pas parler du vrai sujet de fond : à savoir comment les politiques d’attractivité et d’accessibilité d’une ville influent sur le commerce.

Alan Confesson (LFI), théoricien de l’inutilité municipale.
C’EST LA FAUTE À « LA FINANCIARISATION » !

Cette fois il va plus loin : tout serait désormais la faute… des loyers que fixent les propriétaires de locaux commerciaux. L’adjoint rouge voit dans la vacance à Grenoble un souci qui incombe strictement aux possédants : il fustige « la financiarisation de l’économie ». Bien sûr le prix prohibitif du stationnement, la politique de fermeture systématique de la ville, la malpropreté, les incivilités, l’insécurité qui font de Grenoble un repoussoir à clients n’existent pas pour lui.

LE « C’EST PARTOUT PAREIL » INVALIDÉ PAR LES CHIFFRES

Cette « financiarisation » qui tue les commerces serait d’ailleurs un phénomène tout à fait récent puisque la vacance commerciale a doublé en 10 ans (12% contre 6% en 2015). Et curieusement, ça ne toucherait que Grenoble puisque nous sommes bien au-dessus de la moyenne régionale et nationale, et même au double de villes comme Nantes (5,8%). La novlangue du « c’est partout pareil », « c’est pas spécifique à Grenoble » ne tient pas une seconde, comme pour tant d’autres sujets.

La chute libre grenobloise.
UNE POLITIQUE MUNICIPALE DE FERMETURE

Ce désastre n’est évidemment pas tombé du ciel. Ce n’est pas la « financiarisation » qui a décidé de la fermeture des accès de Grenoble, ou de la suppression massive de places stationnement et de l’augmentation des tarifs. Tout comme ce n’est pas « la financiarisation » qui empêche les élus Verts/LFI idéologues de traiter les problèmes d’attractivité.

Des décisions qui concourent à éloigner la clientèle extérieure alors qu’elle est plus que jamais nécessaire à la survie de nombreux commerces, Grenoble se paupérisant à vitesse grand V.

À Notre-Dame-Sainte-Claire, la clientèle du marché a chuté de 50 %. 

LA CRÉATION DE POMPES ASPIRANTES AUX ENTRÉES DE GRENOBLE

Ce n’est pas non plus la « financiarisation », mais bien des élus en chair et en os, les amis de Confesson de la majorité métropolitaine au sein de laquelle il siège, qui ont voté l’agrandissement de Grand Place dans le sud de Grenoble et l’ouverture de Neyrpic à Saint-Martin d’Hères. Deux pompes aspirantes en entrée qui tuent le commerce de proximité. Même le directeur des Galeries Lafayette admet un « effet Neyrpic » dévastateur sur le centre-ville mais Confesson passe son temps à le minorer.

LES ÉLUS POUVAIENT SAUVER LE COMPTOIR DE JULIE

Ce n’est pas non plus « la financiarisation » qui a conduit Laurence Mésange, restauratrice rue Diderot, à fermer après 27 mois de travaux, décidés par la Métropole sans indemnisation et coupant les accès à son commerce qui fonctionnait jusque-là. La conduisant à dormir dans sa voiture car plus en capacité de payer le chauffage. Un drame humain que les élus, alertés en amont à de multiples reprises par Alain Carignon notamment, auraient pu éviter très facilement mais encore faut-il voir autre chose dans sa fonction qu’un « rôle symbolique ».

TOUS LES TÉMOIGNAGES CONCORDENT

La fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé le dit dans son dernier rapport que cite le DL : « les politiques des villes peuvent avoir des conséquences très destructives parce qu’elles sont excessives (trop grande difficulté d’accès avec des plans de circulation trop compliqué, mauvaise politique du stationnement, mise en œuvre de travaux de voirie sans planification tenant compte des impacts ».

Et les commerçants grenoblois rappellent à longueur de journée que cette accessibilité est cruciale. Tous leurs témoignages concordent, quand ils dénoncent une « ville fantôme » et une ville « fermée aux consommateurs extérieurs ».

Un nouvel appel des collectifs à un rassemblement devant le conseil municipal.
NOUVELLE MANIFESTATION DEVANT LE CONSEIL MUNICIPAL

C’est parce qu’ils sont excédés par la cécité municipale et par ces élys « symboliques » qui ne daignent rien faire que les collectifs habitants-commerçants ont fleuri comme des champignons dans tous les quartiers concernés par des projets de fermeture, conduisant depuis quelques mois à une mobilisation citoyenne historique.

Ils appellent à un nouveau rassemblement devant le conseil municipal ce lundi 23 juin à 9h. Nous invitons nos lecteurs à s’y joindre, en attendant le changement de municipalité dans quelques mois avec des élections qui permettront enfin de choisir des élus désireux d’agir.