Dans une interview au Point, le milliardaire russe Pavel Durov révèle qu’il compte diviser sa fortune colossale entre ses 106 enfants, dont une centaine conçue par don de sperme.
Un testament à la hauteur de sa démesure. Pavel Durov, cofondateur et PDG de l’application Telegram, a accepté de donner des détails sur sa succession dans une interview au Point, parue le 19 juin. Et ses confidences ont de quoi surprendre. L’homme d’affaires russe de 40 ans, connu pour son franc-parler et ses positions libertaires, a notamment annoncé qu’il léguerait sa fortune estimée à 17,1 milliards de dollars (environ 14,9 milliards d’euros) à ses 106 enfants.
Si Pavel Durov est officiellement père de six enfants, conçus avec trois femmes différentes, il a également été donneur de sperme dans douze pays, permettant la naissance d’une centaine d’autres enfants. «Je tiens à préciser que je ne fais aucune différence entre mes enfants : il y a ceux qui ont été conçus de manière naturelle et ceux qui sont issus de mes dons de sperme. Ils sont tous mes enfants et auront tous les mêmes droits !» martèle-t-il.
À lire aussi
Olivier Lascar : «Pour Elon Musk, seules les élites devraient se reproduire»
Succession verrouillée jusqu’en 2055
Les futurs héritiers devront toutefois s’armer de patience. Le milliardaire a posé une condition draconienne : aucun d’entre eux ne pourra toucher à son héritage avant d’avoir atteint l’âge de 30 ans, et ce à compter du 19 juin 2055. «Je veux qu’ils vivent comme des personnes normales, qu’ils se construisent seuls, qu’ils apprennent à se faire confiance, qu’ils puissent créer, pas qu’ils soient dépendants d’un compte en banque», justifie Pavel Durov.
Cette décision de préparer sa succession maintenant n’est pas anodine. Le patron de Telegram avoue que son «travail comporte des risques». Une litote qui cache une réalité bien plus tumultueuse puisque la justice française a, en août 2024, mis en examen Pavel Durov pour 17 chefs d’inculpation. Elle l’accuse notamment de complicité dans la gestion de la plateforme où prospèrent des activités criminelles : trafic de drogue, fraude, contenus pédopornographiques… Des accusations que Durov balaie d’un revers de main : «C’est totalement absurde. Ce n’est pas parce que des criminels utilisent notre messagerie parmi tant d’autres que cela fait de ceux qui la dirigent des criminels… Rien n’a jamais été prouvé qui montre que je suis, ne serait-ce qu’une seconde, coupable de quoi que ce soit.»
L’enfant terrible de la tech
Cette affaire n’est que le dernier épisode d’un parcours jalonné de controverses. Lancée en 2013, Telegram s’est imposée comme l’alternative cryptée à WhatsApp. La messagerie chiffrée est aujourd’hui utilisée par plus d’un milliard de personnes dans le monde. Sauf que ce positionnement a fait de Pavel Durov la bête noire des gouvernements. «Défendre les libertés vous vaut de nombreux ennemis, y compris au sein des États puissants», philosophe-t-il.
À l’image d’un Elon Musk version russe, Pavel Durov cultive son image d’entrepreneur rebelle. Exilé de Russie depuis 2014 après avoir refusé de livrer des données d’utilisateurs au FSB (le service de renseignement russe), il a depuis mené une vie d’apatride fortuné, naviguant entre Dubaï et l’Europe. Du moins, jusqu’à son interdiction du territoire français survenue l’an dernier. Pavel Durov vient toutefois d’être autorisé à quitter la France métropolitaine pour quatorze jours consécutifs maximum à compter du 10 juillet, uniquement pour se rendre à Dubaï, où résident ses proches et où Telegram possède des bureaux.