Vivement 2027 pour retrouver l’Armada de Rouen ! Fort de ses 4,3 millions de visiteurs lors de l’édition de juin 2023 (qui ont franchi les portiques de sécurité pour se rendre sur les quais), le grand rassemblement de voiliers se targue d’être « la plus grosse manifestation en France après le Tour de France, loin devant la Grande Braderie de Lille ou la Fête des lumières à Lyon ». Et aussi « le premier rassemblement de grands voiliers dans le monde devant Amsterdam ».

C’est ce qu’a tenu à rappeler Jean-Paul Rivière, le président de l’Armada lors de sa première conférence de presse à l’hôtel Hyatt Place de Rouen pour lancer la 9e édition de l’événement, qui se déroulera du 17 au 27 juin 2027. Il était accompagné par le « père fondateur » de l’Armada, Patrick Herr. Pour être dans l’air du temps et sans doute échapper aux critiques qui pourraient naître, malgré le succès public, les organisateurs avaient commandé, pour la première fois, un bilan carbone de l’Armada.

« Un meilleur bilan carbone que les JO de Paris »

Ils ont fait appel pour cela au cabinet EY Building a better working world représenté par Jonathan Thibout-Curtinha. « Au total, l’Armada 2023 a généré 23 360 tonnes d’équivalent CO2 dont 97 % à cause des déplacements des visiteurs. C’est classique pour ce genre d’événement. Pour faire une équivalence, nous avons réalisé le bilan carbone de Paris 2024. Nous avons obtenu 0,52 tonne d’équivalent CO2 par visiteur contre 0,0047 tonne à Rouen. On peut en être fier mais dans notre cas peu d’avions ont été utilisés. »

Selon les chiffres de l’organisation, l’Armada 2023 a généré 97,5 millions d’euros (enquête terrain auprès de 1 244 visiteurs et 20 exposants) dont 63,5 millions de dépenses sur le site, 7,6 millions dans les commerces locaux et 6,7 millions en hébergement, avec un panier moyen de 32,45 euros par visiteur. Les visiteurs justement sont venus pour 31 % de Normandie, 22 % de la Métropole Rouen Normandie, 12,1 % d’Île de France, 11,7 % des Hauts-de-France et 3 % de l’étranger, majoritairement d’Allemagne, des États-Unis et de Belgique. « C’est bien, mais je m’attendais à un peu plus », a estimé Jean-Paul Rivière.

Les questions de sécurité n’ont pas été éludées : trois ports d’armes, cinq personnes tombées à l’eau et une agression sexuelle pendant la manifestation. « Pour les gens tombés à l’eau, il n’y a que moi qui voudrais mettre des barrières tout le long des berges, a expliqué Jean-Paul Rivière. Les fouilles contre les armes, c’est un gros problème. Et pour l’agression sexuelle, je l’apprends. Effectivement, ce n’est pas suffisant. Il faut faire mieux. »

VidéoAmerica et Adal, deux jeunes marins qui ont perdu la vie dans la collision de leur bateau ave cle pont de Brooklyn

Avant de lancer, « 2027, c’est parti ! », le président de l’Armada a rendu hommage à l’équipage en deuil du Cuauhtémoc, le bateau-école mexicain qui a heurté spectaculairement fin mai le pont de Brooklyn à New York, faisant deux morts. « Ce drame stupide et impressionnant est un traumatisme pour tout le monde. Il sera réparé mais je ne sais pas s’il sera à Rouen en 2027. Si c’est le cas, très probablement pendant les manœuvres et les parades, il n’y aura personne dans les vergues. Mais d’abord, on ne peut penser qu’à tous ces morts. »

Une cinquantaine de navires annoncés

Malgré tout, l’Armada 2027 sera une nouvelle fois une grande fête avec des concerts, des défilés, la Grande pagaille, la Grande parade jusqu’au Havre et, surtout, une cinquantaine de voiliers à admirer (45 en 2019 / 43 en 2023). « Nous lancerons officiellement le rassemblement en juin 2026 avec l’accueil à Rouen d’un grand voilier, qui n’est pas encore confirmé », a prévenu Jean-Paul Rivière.

C’est alors que s’est posée la question des bateaux russes, pas invités en 2023 en raison de l’invasion de l’Ukraine de l’embargo sur la Russie. En 2024, le voilier d’origine russe Shtandart, malgré un nouveau pavillon et les distances prises par son capitaine avec Moscou, avait été finalement interdit de fêtes maritimes à Brest. « S’il y a la paix et que l’Europe change de position, nous verrons si moralement, on peut les faire venir, a prévenu Jean-Paul Rivière. Aujourd’hui, la question n’est pas d’actualité. La Russie est l’agresseur, nous n’inviterons pas les bateaux si rien ne change. » La grande fête des voiliers n’échappe pas aux tourments du monde.