Dans les supermarchés, le passage à la caisse est inéluctable. Comment y échapper une fois le chariot rempli ? Avec son recueil de nouvelles, Happiness manager, Ivan Péault prend le problème (et d’autres) à bras-le-corps. Il s’agit chez lui d’un principe : il va jusqu’au bout de ses idées. Ses personnages aussi. Le narrateur de «Ma vie au supermarché» a un plan. Il était chez lui, s’apprêtait à jeter les prospectus qui encombraient sa boîte aux lettres, quand il est resté en arrêt devant une famille photographiée en train de prendre son petit-déjeuner. Une simple et pure proposition de bonheur, à la portée de tous. Il s’est vu à leur place. Et il a pris une décision. «Ma femme me reprochait assez d’être négatif – ce en quoi elle avait parfaitement raison. J’allais faire mien un vieux slogan de Carrefour. Je positive, telle serait désormais ma devise.»
Une fois chez Leclerc (on se rend à Monoprix dans une autre histoire), ce père attentif, ce mari aimant invite les siens à se servir. Nulle inquiétude ne doit les restreindre, puisqu’ils échapperont aux caisses, ils ne sortiront pas d’ici : ils sont chez eux, ils s’installent. De fil en aiguille, cela devient très confortable. La tente qu’ils ont choisie est grande, trouver des flûtes pour le champagne n’était pas difficile, les enfants vont et viennent, avec des jeux pour le plus jeune, un petit réfrigérateur pour l’aînée, des coussins, des choses agréables. Les bons produits n’ont pas manqué quand il a été