L’Allemagne et le Royaume-Uni devraient conclure dès cet été un important traité bilatéral d’amitié, selon des sources proches du dossier. Un accord visant à renforcer les liens entre les deux pays après les turbulences du Brexit que Berlin et Londres présentent comme « sans précédent ».
Les deux gouvernements avaient annoncé qu’ils signeraient un traité « sans précédent » lors de la première visite en Allemagne du Premier ministre britannique Keir Starmer en août 2024. Il avait présenté cette initiative comme faisant partie de son projet de « réinitialisation » des relations avec les États membres de l’UE — une initiative visant à rétablir les liens commerciaux et sécuritaires rompus par le Brexit.
Mais la finalisation de l’accord avait été retardée par la crise politique en Allemagne, provoquée par la chute de la coalition « feu tricolore » de l’ancien chancelier Olaf Scholz en décembre dernier. Les discussions avaient alors été suspendues. Elles ont repris rapidement après l’arrivée au pouvoir du nouveau chancelier conservateur Friedrich Merz (CDU), et le texte est aujourd’hui sur le point d’être bouclé, a confié un diplomate européen.
Les discussions ont toutefois rapidement repris avec l’investiture du nouveau gouvernement conservateur dirigé par Friedrich Merz (CDU) et sont désormais sur le point d’aboutir, a confié un diplomate à Euractiv.
« Le chancelier Merz a convenu avec le Premier ministre Starmer que les négociations sur le traité germano-britannique, qui sont bien avancées sous la direction des ministères des Affaires étrangères respectifs, devraient désormais être finalisées rapidement », a indiqué le diplomate.
Il a ajouté que la décision nécessaire du cabinet allemand et la signature pourraient suivre « prochainement ».
Selon un autre responsable, cela pourrait avoir lieu dès le 17 juillet.
Triangle Allemagne-Royaume-Uni-France
Plusieurs députés allemands impliqués dans le projet ont comparé l’envergure de cet accord aux traités d’amitié signés entre la France et l’Allemagne — le traité de l’Élysée et celui d’Aix-la-Chapelle — qui ont instauré un partenariat politique et parlementaire étroit entre Paris et Berlin.
« Nous aurons une sorte de relation triangulaire entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni », avait résumé Nils Schmid, alors député social-démocrate (SPD) chargé des affaires étrangères, pour Euractiv à la fin de l’année dernière, peu avant la suspension des négociations.
Si la France et le Royaume-Uni sont liés par les accords de Lancaster House, un traité germano-britannique viendrait compléter cet édifice au sein du groupe informel des « E3 » (France, Allemagne, Royaume-Uni).
Nils Schmid espérait que ce document institutionnalise les échanges entre les deux gouvernements et les deux parlements et établisse des liens culturels plus étroits. Selon une source du gouvernement britannique, la partie britannique souhaitait que l’accord ait un impact concret sur la vie des citoyens et reflète l’accent mis par Keir Starmer sur la croissance.
Cependant, le fait que de nombreux domaines susceptibles d’améliorations concrètes relevaient de la compétence de l’UE s’est avéré être un obstacle. Le traité devait laisser ces domaines intacts, a expliqué Nils Schmid.
Le traité devrait également inclure le tout premier accord de coopération en matière de défense entre le Royaume-Uni et l’Allemagne, l’accord Trinity House. Ce document a été signé l’année dernière, le gouvernement allemand le qualifiant d’« expression de la nouvelle orientation britannique envers l’Europe ».
L’UE et le Royaume-Uni ont signé un pacte de défense et de sécurité le mois dernier et se sont mis d’accord sur un accord de principe visant à réduire certaines barrières dans leurs relations commerciales après le Brexit.