Après 23 ans d’absence en phase finale, les Tarnais, qui affrontent les Anglais de Northampton ce samedi en quart de finale, ont retrouvé des ambitions européennes sous la houlette de leur nouvel entraîneur, Xavier Sadourny.
C’est une étiquette qui leur a longtemps collé à la peau. Et qui était justifiée. Les Castrais, pendant des années, n’ont pas joué à fond la Coupe d’Europe, préférant se concentrer sur le Top 14 où ils sont régulièrement présents en phases finales. Le club tarnais n’avait ainsi plus participé aux phases finales de la grande Coupe d’Europe depuis… 20002. Mais, sur la même période, il a remporté deux de ses cinq titres de champion de France (2013 et 2018, après 1949, 1950 et 1993). Difficile, dans ces conditions, de ne pas comprendre leur choix.
Mais, cette saison, changement de cap. Après avoir décroché sa qualification en signant un succès de prestige sur la pelouse des Saracens (24-32), le CO a fait chuter, au bout du suspense, les Italiens de Trévise en huitièmes de finale (28-26), dans un stade Pierre-Antoine en fusion. Grosse force de caractère. «C’est stressant. On a fait preuve de solidarité, de résilience, de courage pour revenir de je ne sais où, c’est ancré en nous, c’est notre histoire depuis le début de saison, a reconnu l’entraîneur castrais Xavier Sadourny. Il faut que ce match nous serve car, dans la première mi-temps, on les laisse dans le match avec des fautes qu’on peut éviter. C’était important qu’on joue à fond cette compétition car on a besoin de ces matches-là pour progresser.»
Ça arrive de passer à travers, mais on ne va pas les regarder comme si c’était des dieux
Rémy Baget
Cet appétit retrouvé pour l’Europe, Castres le doit à son nouvel entraîneur, qui a pris du galon en début d’année en héritant des commandes du club en remplacement de Jeremy Davidson, après avoir été entraîneur des arrières. «La fonction est très exigeante et usante surtout dans un club avec un effectif assez stable. Donc s’il y a des risques d’usure, ma responsabilité est de les détecter, de les analyser et d’agir en conséquence dans l’intérêt du club», avait alors justifié le président tarnais, Pierre-Yves Revol.
Choix payant. Le Castres Olympique continue à jouer les premiers rôles en Top 14 (actuel 5e) et, cette saison, il brille aussi en Coupe d’Europe. Avant de défier (et de battre) à domicile les Bulls sud-africains, l’ancien ouvreur avait reconnu que ce genre de gros rendez-vous constitue «un véritable révélateur, un apprentissage». Et d’ajouter : «On ne va jouer que des internationaux, des mecs qui jouent le Four Nations (Rugby Championship, NDLR), dont certains sont champions du monde, donc se confronter à ce qui se fait de mieux, c’est génial.» La Coupe d’Europe n’est donc plus poids, un fardeau, mais une chance de s’étalonner avec les meilleurs, de progresser à leur contact.
Ce que le technicien, passé par le sport-études d’Ussel (Corrèze), a confirmé après la victoire au forceps contre le Benetton Rugby : «La Champions Cup ne te pardonne rien. C’est pour ça que cette compétition est belle et qu’il faut la jouer régulièrement, parce que ça fait grandir les équipes. Celles qui la jouent régulièrement, à court, moyen ou long terme, performent en Top 14.»
L’ailier Rémy Baget raconte, dans les colonnes de La Dépêche du Midi, que «tous les joueurs rentrent dans ce groupe, que ce soit sur ce match ou sur d’autres, il n’y a pas des matchs où on fait tourner. Les mecs travaillent comme des chiens toute la semaine. Le jour J, quand ils y sont, on voit qu’ils ont bossé. Et tu es obligé de rendre la pareille. On peut perdre le match, mais, par contre, on ne peut pas se rater par rapport au combat qu’on va mettre sur le terrain».
Aujourd’hui, 95% des gens nous voient prendre une branlée. Mais on a envie d’être présent, de faire voir que ce n’est pas une anomalie
Xavier Sadourny
Et le quart de finale sur la pelouse de Northampton – dernier rescapé de la Premiership qui a balayé les Clermontois au tour précédent – s’annonce des plus musclés. Les Castrais auront un compte à régler puisqu’ils ont concédé leur seule défaite de la phase de poule, en ouverture, chez ces mêmes Saints des Midlands (38-8). Mais, depuis, le CO n’a plus perdu en Champions Cup et gagné en confiance.
«Aller jouer une équipe anglaise, c’est toujours sympa. C’est une très belle équipe, on en a fait les frais en début d’année en phase de poule mais bon… Je pense qu’on est parti du statut maintenant où on assume ce qu’on est et on n’a plus peur de personne, avance Rémy Baget. Après, ça arrive de passer à travers, mais on ne va pas les regarder comme si c’était des dieux.» L’appétit revient en mangeant. «Aujourd’hui, 95% des gens nous voient prendre une branlée, déplore Xavier Sadourny. Mais on a envie d’être présent, de faire voir que ce n’est pas une anomalie…»